Le Sixième Imam
Son titre : as-Sadeq (le véridique)
Son kunya : Abou 'Abdallah.
Il naquit à Médine durant le mois de Rabi'h - I, le 17, le jour anniversaire de
son auguste arrière-grand-père le Prophète
(Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa famille), en
l'an 83 (ou 80) de l'Hégire, et mourut empoisonné le 25 Chawwâl, 148 A.H., à
l’âge de 65 ans, empoisonné par le Calife abbasside Al-Mansûr. Son Imamat dura
une trentaine d'années.
Contexte dans lequel vivait l'Imam :
Nous sommes en 125 H. l'ambiance est à la défiance à l'égard de la dynastie
Omeyyade ; les dirigeants ne respectent pas les lois coraniques, ni en privé ni
en publique.
Les nommes sont repartis en deux classes, celle au pouvoir, corrompue et
oppressive, celle de la masse, soumise et opprimée.
La couche dominatrice, outre de pratiquer le népotisme, considère les musulmans
non arabes, les perses en l'occurrence, comme des êtres inférieures. Il y a
surtout le souvenir de Karbala
Des mouvements de révolte s'organisent :
- nécessité d'un guide issu de la noble descendance du Prophète
- émergence de la notion du « Mahdi », Il serait le sauveur, le vengeur...
- plusieurs groupuscules (parfois extrémistes) briguent ce poste.
Les Kaysanides :
Mouvement instauré par un certain Mùkhtar, ses idées étaient d'un extrémisme
rare. Il préconisa, pour cette fonction, la nomination de Muhammad Ibn al-Hanafiyya
(fils d’Ali Ibn Abi Tâlib (Que la Paix de
Dieu soit sur lui)).
Les Zaydites :
Ce front, plus modéré que le premier, présente comme figure emblématique Zayd
Ibn Ali Ibn al-Hussein (Que la Paix de
Dieu soit sur lui). Zayd considérait que son devoir consistait
à prendre l'épée pour combattre les iniques et ce au nom de la fameuse
injonction coranique « Amr bil ma'rouf... ». Il lance une offensive en
122 H., contre le calife Hisham, mais il échouera et trouvera la mort sur le
champ de bataille. Son fils Yahya continuera son combat et périra comme son père,
en 125 H.
Les Hassanides :
Il s'agit des partisans de Muhammad an-Nafs-az-Zakiyya, fils de 'Abdullah Ibn
al-Hassan al-Muthanna Ibn Ali Ibn Abi Tâlib. C'est son père, 'Abdullah, qui
l'érige en Mahdi promis. Muhammad prétend détenir les « armes » du Prophète, ce
que démentit clairement l’Imam Jaa'far dans un Hadith.
Les Abbassides :
Ils revendiquent leur appartenance aux Banu-Hachem et plus particulièrement, se
réclament de la descendance de 'Abbas, frère d'Abou Tâlib et oncle du Prophète
(Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur
sa famille). Aboul-'Abbas, dit « as-Saffah » (le sanguinaire),
prendra finalement le pouvoir califal en 130 de l'Hégire et son règne durera
quatre années, après quoi son frère, Abou-Ja'far al-Mansûr lui succédera. Une
fois ce dernier au pouvoir, il mènera une campagne de répression contre tous les
autres « candidats » à la souveraineté.
Les Husseinides :
Ce groupe est composé des partisans de l'Imam Jaa'far, qui prendra la même
position que celle de son grand-père, as-Sajjad (Que la
Paix de Dieu soit sur lui), ainsi que celle de son père, al-Baqer
(Que la Paix de Dieu soit sur lui),
c'est-à-dire celle du « retrait ». Toutefois, l'Imam, précisera qu'il n'est pas
nécessaire d'entrer en guerre pour gagner le « statut » de l'Imam du Temps.
Il mettra en lumière deux notions fondamentales concernant la désignation de
l'Imam :
- Le principe du " Nass" : L'Imamat est une prérogative conférée par Dieu,
l'Imam reçoit le commandement du Tout-Puissant pour désigner celui qui lui
succèdera après sa mort. Il lui remettra alors les livres et autres parchemins (contenant
la connaissance de la prophétie) ainsi que les «armes» du Prophète
(Que la Paix de Dieu soit sur lui et sur sa
famille).
- Le principe du " Ilm" : L'Imam est doté du savoir d'inspiration divine
(Ta'wil el Bâtîn). De plus, il a le pouvoir d'accomplir des miracles.
L'Imam définira également la notion d'Ahlul-Bayt en rappelant le Hadith « al-Kissa'
». Le principe de la «Taqiyya », sera codifié par ses soins.
Père de l'école Ja'farite, as-Sadeq
(Que la Paix de Dieu soit sur lui) instruisit de nombreux
savants, en matière de sciences spéculatives ('aqli), traditionnelles (nâqli),
jurisprudentiel les (fiqh), ... Parmi ses élèves contemporains chiites on
retiendra Zurârâ, Muhammad Ibn Muslim Mu'min Ibn Hakam., Abân Ibn Thaghlab,
Hisham Ibn Sâlim, Hurayz... Parmi les sunnites on notera la présence de Abou
Hanifâ (fondateur de J'école Hanafite), Sufyân Thawri, Qâdi Sukûn, Qâdi
Aboul-Balkhtari, .
Il possédait un grand savoir et des qualités supérieures. Il était un homme de
sagesse, connaisseur de la chari'a et pieux. Il était sincère, juste ; un homme
de grandeur, de générosité et de valeur. Il était doté de beaucoup d'autres
qualités.
Cheikh al-Mufid raconte : «Les savants religieux acquirent de lui beaucoup
plus qu'ils n'avaient appris de tout autre membre des Ahlul Bayt." Personne
n'a été aussi prolifique que l'Imam as-Sadeq
(Que la Paix de Dieu soit sur lui)
quant à la propagation de la religion parmi les Uléma de l'histoire religieuse
et du Hadith.
En réalité le nombre de savants religieux (sérieux et appartenant à différentes
écoles) ayant acquis des connaissances de lui; atteint quatre mille. Abu Hanifa,
le chef de l'une des écoles sunnites, était l'un d'entre eux.
Un jour l'Imam appela son domestique, Mussadif et lui donna mille dinars pour se
préparer à un voyage d'affaires, en Égypte, car le nombre de sa suite avait
augmenté et il était nécessaire de rechercher d'avantage de moyens de
subsistance.
Mussadif acheta des marchandises et partit pour la Syrie avec un groupe de
commerçants. Lorsqu'ils approchèrent de l'Égypte, ils rencontrèrent un autre
groupe de commerçants revenant de ce pays. Ils dirent à ceux-ci qu'ils
possédaient telle sorte de marchandises et qu'ils voulaient savoir si elles
étaient disponibles en Égypte. Leurs interlocuteurs répondirent par la négative.
Les marchands prêtèrent alors serment de ne pas revendre leurs marchandises à
moins de cent pour cent de bénéfice. Ce qui fut fait. Après quoi ils
retournèrent à Médine.
Mussadif rentra chez l'Imam avec deux sacs contenant chacun mille dinars. Il lui
dit que l'un des deux sacs contenait le capital, l'autre, les bénéfices.
L'Imam lui fit remarquer que les bénéfices étaient excessifs et lui demanda ce
qu'il avait fait des marchandises. Mussadif lui expliqua ce qu'il avait fait et
le serment qu'il avait prêté (de ne pas revendre à moins de 100% de profit).
L'Imam s'étonna qu'il ait juré de ne pas revendre des articles à des musulmans à
moins de 100% de bénéfice !
Puis l'Imam prit l'un des deux sacs et dit : «Celui-ci contient mon capital,
et nous ne touchons pas les bénéfices».
Et il ajouta : «O Mussadif ! Il est plus facile de combattre avec une épée
que de gagner sa vie légalement (halâl) !».