Horr supplia l'Imam al-Hussein de lui permettre, ainsi qu'à son fils et à son
esclave, d'être les premiers à combattre. Sans doute espérait-il convaincre les
mille hommes placés sous son commandement de le rejoindre et de soutenir le
petit-fils de l'Envoyé de Dieu. Peut-être alors les autres soldats se
rallieraient-ils à eux. Ou du moins peut-être hésiteraient-ils à combattre un
ennemi autrement plus nombreux que celui qu'ils s'apprêtaient à affronter. Horr
pouvait espérer empêcher de la sorte qu'ait lieu le massacre qu'il avait
contribué à préparer.
L'Imam al-Hussein ayant donné son accord, Horr, son fils et son esclave se
mirent en selle et s'avancèrent vers les lignes ennemies. Ils firent halte
lorsqu'ils furent tout près de l'armée de Yazid.
Horr commença à haranguer ses
anciens hommes. Il leur parlait avec une grande éloquence, appuyant son
argumentation sur de nombreux Versets du Coran. Il leur expliquait pourquoi il
avait choisi de se ranger du coté de la Vérité et de la Justice, sous la
bannière de l'Imam al-Hussein, et les pressait de réfléchir aux conséquences qui
ne manqueraient pas de résulter pour eux du fait de combattre et de tuer le
petit-fils du Prophète, que celui-ci avait tant aimé.
Il leur parlait du choix qu'il leur fallait faire entre le Paradis et l'Enfer...
Ses paroles avaient un effet extraordinaire sur ses anciens soldats. Chimr fils
de Jawchane, l'un des chef de l'armée omayyade voyant le changement qui
s'opérait dans le cœur et l'esprit des hommes. IL pressa Omar fils de Saad, le
commandant en chef de l'armée, d'attaquer en masse et immédiatement les trois
hommes, car la situation risquait fort de se retourner en faveur de l'Imam
al-Hussein ! Une récompense fabuleuse fut promise à ceux qui tueraient Horr et
ses deux compagnons.
Les trois hommes firent preuve de tant de vaillance et d'adresse qu'il tuèrent à
eux seuls des dizaines d'ennemis. Le fils de Horr fut tué le premier, puis ce
fut le tour de son esclave. Horr continuait de faire des ravages dans les rangs
de l'armée de Yazid. Mais ses nombreuses blessures lui avaient fait perdre
beaucoup de sang. IL fut pris d'étourdissement et tomba de cheval. A l'heure de
la mort, il souhaita entendre encore une fois de la bouche de l'Imam al-Hussein
l'assurance que celui-ci lui avait pardonné. Aussi l'appela-t-il de toutes ses
forces, avant de perdre connaissance.
Quand ils entendirent le cri de Horr, l'Imam al-Hussein et Abbas bondirent sur
leurs chevaux. Sabre au poing, ils traversèrent les rangs ennemis, jusqu'à
l'endroit où gisait Horr. L'Imam al-Hussein y parvint le premier. IL souleva la
tête de Horr et la posa sur ses genoux.
Puis il essuya le sang qui couvrait son visage et pansa la large blessure ouverte dans son crâne en se servant d'une écharpe que Fatima (P) sa mère avait tissé elle-même. Horr ouvrit les yeux. IL était incapable de parler, mais il fixa ses yeux droit dans ceux de l'Imam.
Celui-ci comprit ce que le mourant voulait savoir. Il posa sa main sur la tête
de Horr, en priant :
- Que Dieu t'accorde Ses Bénédictions pour ce que tu as accompli aujourd'hui
pour me défendre !
En entendant ces mots, Horr poussa son dernier soupir, sa tête reposant toujours sur les genoux de l'Imam al-Hussein.
Celui-ci et Abbas
soulevèrent le corps sans vie, et le transportèrent jusqu'au campement.
Après Horr vint le tour de chacun des vaillants et dévoués Chiites de l'Imam
al-Hussein. Chacun d'eux revendiquait l'honneur de sacrifier sa vie en premier.
Chacun d'eux brillait du désir de mourir en défendant la vie du petit-fils de
l'Envoyé de Dieu et celle de ses proches qu'ils aimaient plus qu'eux mêmes et
que leurs propres parents !