Un jour, Abou Hamzeh ath-Thamâlî entra chez l'Imam as-Sajjâd (Psl) et lui
dit :
« Ta tristesse ne s'arrêtera-t-elle jamais, ô mon Maître ? »
Il (Psl) répondit : « Et comment ma tristesse pourrait-elle s'arrêter
après avoir vu ce que j'ai vu ». Et comme si tous les malheurs étaient dans
une main et le grand malheur dans l'autre ; et même, plus grand encore !
Il (Psl) ajouta : « Ô Abou Hamzeh ! As-tu vu ou as-tu entendu parler
d'une Hashémite qui puisse être capturée ? » (et il (Psl) parlait de
sa tante Zeinab (Psl) ). Ô combien cela avait coûté à l'Imam as-Sajjad (Psl)
de voir Zeinab (Psl) captive dans la cour du despote Yazid attachée par
une corde...
On interrogea l'Imam as-Sajjad (Psl) sur l'abondance de ses pleurs.
Il (Psl) répondit : « Ne me blâmez pas ! Ya'coub avait un de ses fils
disparu et il pleura jusqu'à en devenir aveugle et il ne savait pas s'il était
mort. Alors que moi, j'ai vu 14 membres de ma famille tués en une matinée.
Pensez-vous que la tristesse quittera un jour mon coeur ? »
Un jour, l'Imam (Psl) se rendit dans le désert. Son serviteur le suivit et
le vit prosterné sur une pierre rude. Le serviteur raconte : « Je m'arrêtai et
j'entendis ses pleurs et ses sanglots. Il (Psl) répétait : « Il n'y a
de divinité que Dieu pour adoration et soumission ! Il n'y a de divinité que
Dieu par croyance et sincérité ! » J'ai compté jusqu'à 1000 fois. Ensuite,
il s'était levé de sa prosternation, le visage et la barbe recouverts de larme
(de sable, selon d'autres propos), les larmes ruisselant sur les joues.
Je [le serviteur continue de parle] lui dis alors : « Ta tristesse ne
s'arrêtera-t-elle jamais ? Tes larmes ne se tariront-elles pas ? ».
L'Imam (Psl) me répondit :
« Ya'coub, fils d'Isaac, fils d'Ibrahim (Psl) , étaint un prophète (Psl)
et l'un de ses douze fils avait disparu. De tristesse, ses cheveux avaient
blanchi, il s'était voûté, il avait perdu la vue à force de pleurer. Et son fils
était encore vivant en ce monde ici-bas. Alors que moi, j'ai vu mon père, mon
frère, mon oncle, 17 membres de ma famille abattis. Comment ma tristesse
va-t-elle s'arrêter et mes pleurs tarir ? »
L'Imam 'Ali fils de Hussein pleura son père plus de 30ans.
On ne lui présentait pas de nourriture ou de boisson qu'il ne disait : «
Comment manger alors qu'Abu AbdAllah a été tué ayant faim ! Comment boire alors
qu'Abu AbdAllah a été tué ayant soif ! »
S'il (Psl) se rendait au marché et qu'il voyait un boucher s'apprêtant à
égorger une chèvre ou autre, il s'approchait et lui demandait : « As-tu donné
à boire à la bête avant ? »
Le boucher répondit : « Je n'égorge pas une bête sans lui avoir donné à boire
avant, même si c'est un peu ».
Alors l'Imam (Psl) éclatait en sanglots et disait : « Abu AbdAllah a
été égorgé en ayant soif ».