Le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a accordé ce mardi
soir une interview avec la chaine libanaise OTV, qui a été retransmise sur plusieurs
chaines libanaises. Plusieurs dossiers sur la scène locale et régionale ont été
évoqués au cours de cet entretien de plus de deux heures.
Voici les principales idées
évoquées dans cette interview, animée par le journaliste de renommé Jean Aziz:
Vous êtes le Bienvenue dans cette interview exceptionnelle, et je voudrais vous
passer le salut de toute l’équipe de la chaine OTV.
1- Quelles sont les répercussions de l’accord sur le
nucléaire iranien sur la région?
Certes, cet accord est provisoire et a des effets considérables. Sachez avant
tout que les peuples de la région sont les premiers gagnants de cet accord parce
que plusieurs parties cherchaient à provoquer une guerre dans la région et cette
guerre sera catastrophique pour ces peuples.
Je ne dis pas que cet accord ait éliminé toutes les chances d'une guerre mais au moins il a reporté cette guerre. Je pense qu’il est impossible qu'Israël bombarde les sites iraniens sans l’aval des Etats-Unis. De plus, cet accord permet aux pays de communiquer et de tenter de trouver des ententes pacifiques.
Quand je parle de guerre je veux dire une guerre occidentale ou américaine ou
même israélienne contre l’Iran.
Cet accord a imposé un monde multipolaire et ceci ouvre la porte à des manœuvres
dans différents domaines. Il y a des intérêts différents entre ces pôles, en
d’autres termes certains peuvent se rallier contre d’autres et par conséquent
pousser vers des solutions dans beaucoup d’endroits.
Le monde multipolaire écarte l’hégémonie des Etats et accorde une chance aux
pays du tiers monde.
2- Qu’est ce qui a poussé l’occident à accepter un
tel accord si cela est dans l’intérêt des peuples de la région ?
Je crois qu’il y a un revirement dans la position des Etats-Unis dans la région
et dans le monde. L'un des résultats de cet accord est la consécration d'un
monde multipolaire. On ne peut plus parler d'un monde monopolisé par les
Etats-Unis. C'est ainsi que les peuples du tiers-monde peuvent trouver des
solutions pacifiques aux problèmes dont ils souffrent.
Les Etats-Unis ont échoué dans leurs guerres directes en Afghanistan et en Irak
et dans leurs guerres indirectes comme au Liban et à Gaza via l’obtention d’un
nouveau Moyen Orient, comme le disais Mme Rice (ancien secrétaire d’Etat
américain). Et jusqu'à présent ils ont échoué en Syrie, c'est-à-dire dans toute
la région.
Moi je ne dis pas que les sanctions n’étaient pas douloureuses pour les Iraniens,
mais ces derniers ont résisté et persévéré.
Les Etats-Unis n’ont pas pu renverser le régime en Iran. En plus, il y a une
nouvelle réalité en Europe en raison de la crise économique. Les Etats Unis ne
veulent pas aller à la guerre. Ils sont épuisés des guerres.
2- Qu'est-ce qui a poussé les Etats-Unis à conclure un accord pareil?
Des changements majeurs et très importants sont survenus sur la scène
internationale au sujet de la politique américaine. Depuis l'an 2000, les
Etats-Unis ont commencé à chercher des solutions aux problèmes dans la région
surtout après l'échec de leurs projets: le Grand Moyen-Orient, leurs défaites en
Irak et en Afghanistan. Ils ont échoué de faire fléchir l'Iran et son peuple.
Ils n'ont pas changé la donne en Syrie. L'administration d'Obama a ainsi promis
de sortir du cercle de la guerre. Les capacités militaires et les potentiels
économiques et financiers américains ont considérablement diminué, alors que les
sanctions contre l'Iran n'ont pas affaibli la République Islamique. Ce n'est pas
la première fois que l'Iran suspende son enrichissement d'uranium. Revoyez la
déclaration de John Kerry après l'accord nucléaire. Il disait clairement que son
pays voulait régler les problèmes avec l'Iran.
3-
L’Iran et les 5+1 ont-ils discuté de plusieurs dossiers en plus du dossier du
nucléaire iranien?
Selon mes informations, les Américains étaient prêts à évoquer plusieurs
dossiers dans leurs négociations avec l’Iran. Mais, les Iraniens ont insisté à
ce que les négociations soient limitées au dossier nucléaire.
4- Cet accord peut-il conduire à une normalisation des relations avec les
Etats-Unis?
Pour l'Iran, la position envers les Etats-Unis diffère de la position
israélienne, parce qu'«Israël» est une entité usurpatrice. Mais les Iraniens
disaient depuis toujours qu'une fois les Américains reconnaissent les droits des
peuples de la région et renoncent à leur hégémonie, la République Islamique sera
prête à traiter avec Washington. A mon avis, c'est l'orientation des Américains
qui a changé et non pas iranienne.
Il est encore trop tôt de parler de
normalisation entre l’Iran et les Etats-Unis, beaucoup de dossiers restent en
suspens. Il y a un revirement dans la position américaine. Alors que les
Iraniens n’ont pas changé de position.
Depuis l’Imam Khomeini, et maintenant à l’époque de l’Imam Khamenei, les
positions envers l’entité sioniste demeurent fermes et inchangeable.
5- Une normalisation des relations avec les pays du Golfe ?
Le ministre iranien des Affaires Etrangères a voulu rassurer les pays du Golfe
et notamment l’Arabie que cet accord n’est pas à leur dépens. Les autres pays du
Golfe ayant positivement accueillie l’accord de Genève.
L’Iran a toujours voulu rassurer ses voisins dans le Golfe. Mais il y a un
problème entre l’Iran et l’Arabie saoudite depuis 1979, c'est-à-dire après la
chute du Chah. Ryad a depuis considéré l’Iran comme un pays ennemi, et soutenu
Saddam (Hussein) dans sa guerre contre l’Iran.
6- Et la tournée du ministre iranien des Affaires étrangères dans les pays
du Golfe?
Sachez que l'Iran était toujours soucieux de relations de bon voisinage avec les
pays du Golfe. Le problème c'est que ces pays affichaient leur animosité envers
la République Islamique, eux qui étaient alliés avec le régime déchu du Chah.
7- Attendez-vous à une nouvelle position de l'Arabie Saoudite?
Pourra-t-elle être rassurée?
L'Iran tentait depuis plusieurs années de trouver des canaux de communication
avec Riyad, mais l'Arabie rejetait toutes les médiations pour établir des liens
sains avec l'Iran. Les Saoudiens ne sont pas prêts à discuter avec les Iraniens.
Le problème de l'Arabie Saoudite est qu'elle considérait la République Islamique
comme un ennemi. C'est elle qui a soutenu Saddam Hussein pour mener une guerre
de 8 ans contre l'Iran. Bien qu'elle ait échoué, Riyad a poursuivi sa guerre.
Depuis 1979, la guerre saoudienne ne s'est jamais calmée contre l'Iran.
Aujourd'hui, les campagnes médiatiques saoudiennes ne cessent pas et les guerres
par procuration se poursuivent au Liban, au Pakistan et dans d'autres pays. Les
Saoudiens paient de l'argent mais ne vont jamais dans des guerres directes
contre les pays adversaires.
8- Que dites-vous des propos de Walid ben Talal qui a dit que les sunnites de
la région soutiennent une guerre israélienne contre l'Iran?
Walid ben Talal n'a pas le droit de parler au nom des sunnites pour faire de
déclaration pareille. Le problème de l'Arabie Saoudite avec l'Iran n'est pas
confessionnel. Riyad avait des problèmes avec Jamal Abdel Nasser en Egypte, avec
le Yémen, les Frères musulmans, la Syrie, et ils sont tous sunnites. L'Arabie
veut que tous les pays dans la région soient sous son ombrelle.
9- Est-il vrai qu'une délégation qatarie est venue
s'entretenir avec le Hezbollah?
La nouvelle administration au Qatar adopte une nouvelle orientation envers nous.
Elle a fait un geste positif en contribuant à la libération des détenus à Azaz.
Depuis le début de la crise, nous réclamions une solution politique en Syrie.
Nous étions toujours ouverts aux pays du Golfe. Nous ne sommes pas avec la
rupture de relations avec ces pays. Oui, le Qatar a envoyé une délégation pour
nous rencontrer mais en politique nous sommes complètement en désaccord.
10- Y a-t-il une tentative pareille avec les Turcs?
Malgré les divergences politiques avec la Turquie, jamais les relations n'ont
été rompues. Les visites entre les responsables des relations étrangères du
Hezbollah et l'ambassadeur turc étaient multiples. La nouveauté réside dans les
relations irano-turques. Sachez que l'image de la Turquie s'est beaucoup
détériorée après le début de la crise syrienne. La Turquie a perdu tous ses
intérêts dans la région et maintenant elle tente de récupérer ce qu'elle a
perdu.
11- Quel est l'effet de l'accord iranien avec les
Occidentaux sur la cause palestinienne?
La position de l'Iran envers la cause palestinienne est idéologique. Au moment
même de la rencontre entre l'Iran et les pays 5+1, Sayed Ali Khamenei
réaffirmait que l'entité sioniste est vouée à la disparition et que la cause
palestinienne demeure primordiale.
12- Qui des factions palestiniennes sont plus
proches de vous?
La position des factions palestiniennes sur la crise syrienne a brouillé les
cartes, mais on ne peut pas parler de partie proche ou partie éloignée de nous.
Actuellement on reparle du «processus de négociation de paix», mais ce processus
n'a pas de chance de réussir. Les Américains certes veulent préserver les
intérêts d'«Israël», mais dans plusieurs dossiers l'intérêt des Américains est
prioritaire. Quand nous traitons nos tensions, la position arabe devient plus
forte.
13- Certains parlent de tutelle iranienne sur vous,
est-ce vrai?
L'Iran est un pays régional voire le premier pays qui influence les événements
dans la région. L'Iran discute avec nous, cherche à connaitre notre avis sur
plusieurs questions et des fois elle adopte à 100% notre point de vue. Sachez
que nous nous comportons en toute indépendance sur les dossiers libanais et
l'Iran soutient toute entente et tout rapprochement entre les Libanais.
14- Etes-vous d'accord avec ceux qui disent que
l'accord irano-occidental est un prélude au démantèlement des armes de la
résistance?
Alors qu'une certaine partie considère que l'Iran a perdu dans cet accord, la
réalité c'est que l'Iran a préservé tous ses droits à l'enrichissement
nucléaire. Ni le Hezbollah ni la Syrie seront sommés à faire de quelconque
concession suite à cet accord. Au contraire, l'Iran et ses alliés sont les
gagnants.
Deuxième volet:
15- Quand est-ce que êtes-vous intervenus
militairement en Syrie?
Notre première position sur la Syrie est apparue trois semaines après
l'éclatement de la crise dans ce pays. Nous avons attendu pour comprendre ce qui
se passe sur le terrain. Nous avons essayé de communiquer avec les parties du
conflit en exploitant nos relations afin d'épargner la Syrie d'une guerre. Nous
sommes entrés en contact avec plusieurs parties, mais malheureusement les Frères
musulmans en Syrie, les parties extrémistes, et certains partis laïcs nous ont
menacés de riposter contre nous si nous poursuivons notre médiation.
Ils ont rejeté le dialogue et étaient sûrs de l'option militaire. Même les
médiations de l'Iran ont été vaines. L'Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie
n'étaient point prêts au dialogue politique. C'est aujourd'hui seulement que des
forces de l'opposition se disent prêtes au dialogue.
Nous sommes entrés en Syrie dans les villages habités par des chiites à la
frontière. L'armée syrienne ne pouvait plus assurer la sécurité de 30000
habitants qui se sont vus devant deux options: soit quitter leurs terres, soit
porter les armes.
Malheureusement, l'Etat libanais n'a rien fait pour assurer leur protection. Au
contraire, il a laissé les frontières ouvertes. C'est ainsi que les gens ont
pris la décision de se défendre. Les fils de ces régions ont pris à leur charge
de défendre leurs familles et leurs propriétés. Mais les familles résidant dans
ces villages frontaliers ont perdu la capacité de se protéger au moment où des
combattants des quatre coins du monde sont venus pour envahir ces villages. Je
suis sûr de ce que je dis. C'est ainsi que nous sommes intervenus pour trancher
cette bataille.
Ensuite, nous étions obligés d'intervenir dans la région de Sayeda Zeinab
lorsque les villes de la Ghouta sont tombées dans les mains des extrémistes.
Sachez que la destruction du mausolée de Sayeda Zeinab aurait provoqué une
guerre sectaire dans toute la région. Nous avons envoyé 40 combattants seulement
pour protéger ce lieu-saint.
A Qousseir, nous sommes intervenus pour repousser l'offensive des assaillants.
Nous avons annoncé au grand jour le nombre et l'identité de nos combattants
parce que nous sommes convaincus de ce choix.
Nous ne sommes pas entrés en Syrie suite à une décision iranienne. Tout ce qui a
été dit sur des ordres iraniens donnés au Hezbollah pour entrer en Syrie n'est
pas vrai.
16- Qu'en est-il des propos qui disent que l'armée syrienne a évacué Qousseir
volontairement pour vous pousser à intervenir?
Ces propos ne sont pas vrais. L'armée syrienne a été placée devant une guerre à
tous les fronts et poussée à lutter contre des centaines de milliers d'hommes
armés venus de tout le monde. Donc, des centaines de soldats déployés par
exemple à Maaloula ne sont pas capables de repousser les attaques de milliers
d'hommes armés bien équipés.
Passons au Liban, si Qousseir, Qalamoun, les frontières avec le Liban tombent
dans les mains des groupes armés, soyez surs que des centaines de voitures
piégées seront envoyées contre toutes les régions libanaises et pas seulement
contre la banlieue Sud. Ce que nous faisons en Syrie est une action préventive
pour protéger le Liban des agissements de ces groupes armés.
Nous sommes intervenus avant 2013 en Syrie lorsque la révolution a été ravie. Au
camp du 14 mars je dis: Quelles sont les garanties que vous présentez aux
Libanais si la Syrie tombe dans les mains d'al-Qaida? Dans les mains de ceux qui
décapitent les gens et qui massacrent la population?
Certains groupes armés agissant en Syrie ne sont plus soumis aux pays qui les
financent.
On exagère beaucoup au Liban au sujet de notre présence en Syrie. L'armée
syrienne et les comités populaires dans les régions défendent leurs villes. A
Deraa par exemple, aucun combattant du Hezbollah ne s'y trouve tout comme à
Raqqa, Hassaké, Deir el-Zour, Tartous, le nord d'Idelb. Nous sommes surtout
présents à Homs, Qousseir et Damas. Les Iraniens sont par dizaines en Syrie et
ils y habitent depuis des décennies.
L'objectif de publier des informations sur
une grande présence du Hezbollah en Syrie est de montrer que l'armée syrienne
est faible. C'est l'armée qui combat à Qalamoune alors que notre intervention
est faible.
Actuellement, le peuple syrien souffre des groupes takfiris.
17- Depuis le début de la crise syrienne, combien de
combattants avez-vous perdu?
Certains médias libanais avancent des chiffres irréalistes sur le nombre de
martyrs et des détenus du Hezbollah. Quand nous choisissons de combattre en
Syrie, nous savons à l'avance le prix à payer. Pour le moment, aucun combattant
du Hezbollah n'est détenu en Syrie et sachez que le fait de parler de 200
martyrs n'est pas correct.
18- Qu'en est-il de la Syrie après l'accord sur les
armes chimiques?
Les circonstances sur la scène internationale ont changé. L'opinion publique
américaine et arabe a changé tout comme les conditions économiques et
politiques. Ce qu'ont fait les groupes extrémistes en Syrie nous a rendu un
grand service. Les grandes puissances ont un problème de poursuivre leur soutien
à ces groupes. De même la Turquie qui cherchait à s'ouvrir au monde arabe s'est
vue obliger de construire un mur de centaines de km à sa frontière. On en parle
plus du renversement du régime en Syrie par la force. Aujourd'hui, tout le monde
ressent le danger de ces groupes et a décidé d'opter pour une solution
politique.
La plupart des pays européens revoient leurs calculs diplomatiques et
sécuritaires, sauf l'Arabie Saoudite n'admet pas pour l'instant une entente
politique. Je prévois des combats acharnés d'ici la tenue de Genève-2. Les
pertes dans leurs rangs sont très grandes dans la Ghouta. La décision saoudienne
est de tout faire pour changer la donne en Syrie, soit affaiblir le régime, soit
provoquer l'annulation de Genève-2. Mais ces tentatives sont vouées à l'échec.
Nous souhaitons que le reste des pays mettent leurs rancunes de côté et
cherchent à stopper l'effusion du sang dans ce pays.
La solution politique doit être élaborée par les Syriens eux-mêmes et si les
pays extérieurs veulent contribuer à régler la crise, ils n'ont qu'à aider les
Syriens à trouver un accord au lieu d'imposer une solution.
Nous n'avons pas rompu nos relations avec certaines parties de l'opposition
syrienne. Les pertes du régime syrien sont plus importantes que celles de
l'autre partie. Si les autorités syriennes se basent seulement sur la force
militaire, elles n'auraient pas survécu pendant trois ans. Le régime jouit d'une
large base populaire et donc, une solution politique est inévitable.
19- Certaines forces politiques vous accusent
d'avoir entrainé les groupes armés sur la scène libanaise et que les voitures
piégées ont atteint l'ambassade iranienne. Qu'en dites-vous?
Dans tous les dossiers sécuritaires et politiques, ces parties accusent le
Hezbollah et ses armes d'être derrière le sabotage de la formation du
gouvernement et des projets de développement. C'est tout un projet régional
préparé contre nous et ceci n'a rien à voir avec notre action en Syrie. Sachez
que si le Hezbollah n'était pas présent en Syrie, nous aurions fait face à 30
voitures au lieu de trois. L'attentat contre l'ambassade est lié à l'attaque
contre l'Iran et non pas à l'implication du Hezbollah en Syrie.
Nous croyons au communiqué des brigades d'Abdallah Azzam qui ont revendiqué
l'attentat contre l'ambassade iranienne. Je suis convaincu que les
renseignements saoudiens dirigent et commandent ces groupes et qu'ils sont
derrière ce genre d'attaques. La plupart de ces groupes d'al-Qaida sont
subordonnés aux renseignements saoudiens.
Quant aux attentats contre Tripoli, nous sommes les premiers à avoir condamné
les attaques contre les mosquées. Et ceux qui accusent le Hezbollah
d'implication, qu'ils fournissent leurs preuves. Toute explosion contre les
civils est condamnable.
Passons au Jabal Mohsen: On a accusé Ali Eid d'être derrière les attentats
contre les mosquées. Si on soupçonne le chauffeur d'Eid d'avoir transporté une
personne en Syrie, ceci ne signifie pas qu'Eid en est au courant.
Les attentats de Tripoli étaient exploités dans la politique. Lorsque les
attentats dans la banlieue ont eu lieu, nous n'avons accusé personne. Les
services de sécurité savent ceux qui sont impliqués dans les attentats de Bir
el-Abed et où la voiture a été piégée, mais dans le cas des attaques contre
Tripoli, ils sont allés à la fin dans leur accusation.
Si chacun de nous cherchent à venger le sang des victimes des attentats, le pays
sera détruit. Ceux qui ont prétendu vouloir venger les victimes de Tripoli ont
commencé à tirer sur les travailleurs alaouites passant par Tripoli. Ce qui est
le plus important dans l'affaire de Tripoli est d'aller vers une solution
politique. Ceci a commencé maintenant. L'Etat doit assumer ses responsabilités
pour trouver une solution. Lorsque Mikati a appelé à décréter Tripoli zone
militaire, il a été accusé de traitrise.
Les propos rapportés du mufti du Nord sur le lien entre les groupes armés et les
services de sécurité sont corrects. Nous savons que depuis des années les
services de sécurité intérieure paient des fonds aux groupes armés, et
acheminent des munitions dans leurs voitures, notamment dans les dernières
années.
La solution réside dans la prise par l'Etat du contrôle de la situation
sécuritaire à Tripoli et dans la formation d'une cellule de crise. Tripoli et le
Nord ont besoin d'un dialogue et toutes les parties de l'affaire doivent se
réunir.
19- La formation du gouvernement est-elle toujours
possible?
La formule gouvernementale 6-6-9 qui a été proposée dernièrement est logique et
garantit les droits de tous. Je n'ai pas haussé le ton à ce sujet. Mais même si
je l'ai fait, est-ce que ceci leur permet de bloquer les affaires du pays?
L'autre camp accepte en grande majorité la formule 6-6-9, mais l'Arabie Saoudite
leur a ordonné de patienter et de ne pas former un gouvernement. Riyad n'est
point empressé dans le dossier libanais. En effet, ladite formule octroie 9
ministères à l'autre camp et leur permet d'accéder au pouvoir.
C'est ce camp qui a provoqué le vide dans le pays. Des pressions ont été
exercées sur Mikati pour qu'il démissionne ou pour qu'il réalise les demandes de
ce camp. Personne n'a demandé notre avis sur la nomination de Tammam Salam. Ils
l'ont nommé et sont ensuite venus pour nous en informer. Nous avons accepté sur
la base de formation d'un gouvernement d'union nationale. N'oublions pas que
Tammam Salam fait partie du camp du 14 mars..
Nous sommes avec la tenue des élections présidentielles dans leur délai. Où est
le problème? Que le Parlement se réunisse et élise un président. Je suis pour la
désignation par notre camp d'un président déterminé et que notre camp œuvre pour
son élection en tant que chef d'Etat.
Au sujet de l'incident à l'université de Saint-Joseph: Nous ne payons aucun sou
pour les étudiants du Hezbollah dans cette université. Je n'accepte aucune
atteinte à un quelconque symbole politique libanais. La réaction de l'autre camp
nous laisse penser à des tentatives de déclencher une guerre civile dans le
pays. Toutefois, je sens que la partie attaquée est le général Michel Aoun et
non pas nous. Je vous assure que je suis prêt à remettre aux autorités
officielles le responsable des slogans inscrits sur les murs de l'université
s'il est du Hezbollah. Par contre, si le responsable ne fait pas partie du
Hezbollah, il devra être aussi remis à la justice.
Nous ne cherchons pas à
mettre la main sur l'université Saint-Joseph, ni à l'islamiser. Il est dans
l'intérêt de tout le monde de ne pas provoquer des divisions confessionnelles
dans les universités.
Nos choix politiques gagnent alors que ceux du 14 mars tombent. Nous n'avons pas
de projet plus grand que le Liban. Nous sommes avec un partenariat réel au
Liban.
*Source : French.alahednews