Un jour, une fille, l'air perturbée, vint voir le Saint Prophète et lui dit :
- O Messager d'Allah ! Mon père m'a fait une grande injustice.
- Que t'a-t-il donc fait, lui demanda le Prophète ?
- Il a un neveu et il m'a mariée à lui sans mon consentement, répondit-elle.
- Consens donc à ce qu'il t'a donné et sois la femme de ton cousin, dit
le Prophète.
- Mais je n'aime pas mon cousin. Comment pourrais-je par conséquent me marier
avec un homme que je n'aime pas, protesta-t-elle ?
- Dans ce cas-là, pas de problème. Si tu ne l'aimes pas, choisis une autre
personne que tu aimerais, la rassura le Noble Prophète.
- En fait, je l'aime beaucoup et je n'aime personne d'autre, et je ne veux me marier avec personne d'autre. Mais parce que mon père m'a mariée sans demander mon avis, je suis venue te voir pour t'en parler. Je voulais t'entendre dire justement ce que tu viens de dire. Je voulais que toutes les femmes sachent que les pères n'ont pas le droit de décider ce qui leur plairait et de marier leurs filles à qui ils aimeraient.
Cette histoire a été rapportée par d'éminents juristes dans des
ouvrages hagiographiques qui font autorité tels que "al-Masâlik" (d'al-Chahîd
al-Thânî), et "Jawâhir al-Kalâm".
Pendant l'époque
pré-islamique, les Arabes, comme tous les autres peuples de l'époque, croyaient
qu'ils avaient une pleine autorité sur leurs filles et leurs surs, et parfois
même sur leurs mères. Ils ne reconnaissaient pas à la femme le droit de choisir
son mari, ce choix étant le privilège exclusif du père, du frère, et en leur
absence, de l'oncle paternel, et ce à tel point qu'un père se permettait
d'offrir sa fille en mariage avant même sa naissance. Un homme pouvait conclure
un contrat avec un autre, en vertu duquel si le premier avait une fille,
celle-ci devrait se marier avec le second lorsqu'elle serait grande.
Ayatolah Mortadhâ Motahhary
Traduit et Édité par
Abbas Ahmad al-Bostani