L'homme a une âme et un corps physique, et chacun d'eux a ses propres plaisirs et maladies. Ce qui nuit au corps est maladie, et ce qui lui fait plaisir traduit son bien-être, sa bonne santé et tout ce qui est en harmonie avec sa nature. La science qui traite de la santé et des maladies du corps est la médecine.
Les maladies de l'âme consistent en de mauvaises habitudes et en la soumission aux désirs, ce qui rabaisse l'homme au niveau de l'animal. Les plaisirs de l'âme sont une morale et des vertus éthiques qui élèvent l'homme et le rapprochent de la Perfection et de la Sagesse, et l'amènent près d'Allah. La science qui traire de tels sujets est la science de l'Ethique (cilm al-akhlâq).
Avant de commencer la discussion sur la matière principale du sujet, il nous faut démontrer que l'âme de l'homme est incorporelle et immatérielle, et qu'elle a une existence indépendante du corps. Pour ce faire, nous nous référons aux nombreux arguments avancés à ce propos, et nous en mentionnons ci-après quelques-uns.
1 - L'une des caractéristiques des corps est que chaque fois que de nouvelles formes leur sont imposées, ils abandonnent leur ancienne forme. Mais dans le cas de l'âme humaine, de nouvelles formes, de nature sensible ou intellectuelle y entrent continuellement sans que les anciennes formes existant s'effacent pour autant. En fait, plus il y a d'impressions et de formes intellectuelles qui entrent dans l'esprit, plus l'âme se renforce.
2 - Lorsque trois éléments: couleur, odeur et goût apparaissent dans un objet, celui-ci se transforme. Pourtant l'âme humaine perçoit tous ces éléments sans être affectée par eux.
3 - Le plaisir que l'homme éprouve par la connaissance intellectuelle n'appartient qu'à l'âme, puisque le corps de l'homme n'y joue aucun rôle.
4 - Les formes abstraites et les concepts que l'esprit perçoit sont indubitablement non matériels et indivisibles. En conséquence, leur véhicule qui est l'âme doit aussi être indivisible, donc immatériel.
5 - Les facultés physiques de l'homme reçoivent leur énergie des sens, alors que l'âme humaine perçoit certaines choses sans l'aide des sens. Parmi ces choses que l'âme humaine comprend sans le concours des sens, on peut citer la loi de la contradiction, le principe selon lequel la totalité est toujours plus grande qu'une des parties qui la constituent, ainsi que d'autres principes universels semblables. La négation, de la part de l'âme, des erreurs commises par les sens, telles que les illusions optiques, se fait avec l'aide de ces concepts abstraits, même si la matière première nécessaire pour faire la correction (desdites erreurs) est fournie par les sens.
Maintenant, l'existence indépendante de l'âme ayant été démontrée, voyons ce qui est responsable de son bien-être et de sa joie, et ce qui la rend malade et malheureuse. La santé et la perfection de l'âme résident en sa compréhension de la vraie nature des choses, et cette compréhension peut la libérer de la prison étroite de la convoitise et de l'avidité et de toutes les chaînes qui freinent son évolution et son acheminement vers l'étape finale de la perfection humaine, laquelle réside dans la proximité de l'homme d'Allah. Tel est le but de la "sagesse théorique". En même temps, l'âme humaine doit se purger de toutes les mauvaises habitudes et de tous les mauvais traits qu'elle pourrait avoir, et les remplacer par des modes de pensée et de conduite moraux et vertueux. Tel est le but de la "sagesse pratique". La sagesse théorique et la sagesse pratique sont rattachées l'une à l'autre comme la matière et la forme; elles ne peuvent exister l'une sans l'autre.
En principe, le terme "philosophie" se réfère à la "sagesse théorique", et le terme "éthique" se réfère à la "sagesse pratique". L'homme qui aura maîtrisé à la fois la sagesse théorique et la sagesse pratique, est un miroir microcosmique d'un univers plus grand : le macrocosme.
* AL-NARAQI, Mohammad Mahdi, L'Étique Musulmane, Publication de La Cité du Savoir, Traduit de l'anglais et édité par AL-BOSTANI, Abbas, Canada.