Hazrat Zeinab, âgée à peine de 5 ans, courut se blottir dans les bras de son grand-père, le Messager d'Allah (Que la Bénédiction d'Allah soit sur lui et sur sa Sainte Famille). Elle se serra contre lui, cherchant un réconfort entre deux sanglots. Elle venait d’avoir fait un rêve qui l’avait épouvantée.
Elle raconta son cauchemar: «
Une grande tempête se leva brusquement. Elle obscurcit l’horizon et les ténèbres
s’étendirent partout. J’étais au milieu de cette tempête, seule. J’allai me
réfugier sous un arbre grandiose, enlaçant de toutes mes forces son tronc pour
résister à la violente tempête. Mais le vent arracha l’arbre et le jeta à terre
et moi avec. Je m’accrochai à l’une de ses grosses branches qui partaient du
tronc. Le vent la cassa. Je pus m’agripper à une autre grosse branche. Elle se
rompit également. Je me rattrapai à deux de ses branchages. Mais la tempête les
brisa et les emporta.. C’est alors que je me suis réveillée.»
En l’entendant, le Messager d'Allah (Que
la Bénédiction d'Allah soit sur lui et sur sa Sainte Famille)
éclata en sanglots, serra Zeinab contre sa poitrine, lui caressa doucement les
cheveux puis lui dit: « L’arbre est ton grand-père, la première branche de
l’arbre est ta mère Fâtimah, la seconde ton père Ali et les deux branchages sont
tes deux frères Hassan et Hussein.. Le monde ici-bas va s’obscurcir par leurs
pertes (disparitions) et tu porteras leur deuil dans leur malheur.»
La tempête de l’incroyance avait tout balayé sur son passage. Les derniers
arbres de lumière qui avaient résisté à son passage venaient d’être terrassés.
Une pluie de fer et de sang s’était abattue.. L’obscurité avait envahi les cieux,
le soleil s’était enfui de honte et la lune s’était voilée la face. Il s’en
était fallu de peu que la terre de Karbalâ’ n’eût englouti ses habitants, tant
sa tristesse et sa colère étaient grandes.
Et dans ces ténèbres aveugles, une petite lumière brillait dans une de ces
tentes à moitié brûlée – imperceptible en même temps qu’intense – C’était Hazrat
Zeinab (Que la Paix soit sur elle)
qui priait. Elle effectuait la prière de la nuit qu’elle n’avait jamais
abandonnée depuis qu’elle avait commencé de prier, et encore moins durant cette
terrible nuit qui avait recouvert la tragédie de Karbalâ’, en cette onzième nuit
de Moharram.
Son cœur brûlait d’un amour pour son Seigneur que même la tragédie de Karbalâ’
n’avait pu affaiblir. Alors que tout était laideur et obscurité à l’extérieur –
les cadavres de ces êtres sublimes abandonnés sur le sol, sans têtes ni bras –
Zeinab était inondée de lumière.
Elle se répétait les dernières paroles de son grand-père, le Messager d'Allah
(Que la Bénédiction d'Allah soit sur lui
et sur sa Sainte Famille), inscrites dans son cœur – « La
victoire du sang sur le sabre » – comme pour s’en approprier pleinement le
sens. Car c’était elle qui allait incarner la victoire du sang sur l’épée, en
devenant la «main», la «langue» de la Volonté divine: en affirmant la force de
la foi, de la lutte, de la détermination, de la pudeur, de la vertu, du savoir
contre l’incroyance, la lâcheté, l’ignorance et la brutalité.
En parfaite «communion» avec Allah durant sa prière, baignée dans une mer de
lumière, elle ne voyait que la Beauté divine. Aussi, quand Yazîd lui demanda son
avis en lui indiquant les têtes des descendants du Messager
(Que la Bénédiction d'Allah soit sur lui et
sur sa Sainte Famille) au bout des lances présentées comme des
«faits de guerre», ou des «trophées» – comble de l’horreur – elle n’eut qu’une
seule phrase en réponse: « Je ne vois cela que beau !»
* Source: www.lumieres-spirituelles.net, N°24-Jamâdî I, 1432 – Avril 2011.