De l'avis de certains, le "hijab" et la réclusion de la femme ont une origine psychologique. Depuis toujours, la femme a eu en elle le sentiment d'être méprisable par rapport à l'homme, ceci pour deux raisons: d'une part une déficience organique par rapport à l'homme, et d'autre part l'écoulement menstruel, la phase de l'accouchement et la phase de la défloraison.
La pensée selon laquelle la menstruation est une sorte de souillure et de défectuosité a existé chez l'être humain depuis des temps reculés, et c'est la raison pour laquelle les femmes étaient claustrées dans un coin durant leurs menstrues, qu'on les évitait et s'éloignait d'elles. C'est peut-être pour cette raison que le Noble Prophète fut interrogé à ce sujet. Or le verset qui fut révélé en réponse à cette interrogation ne disait pas que les règles sont une souillure, que la femme menstruée est souillée et qu'il ne faut pas la fréquenter, mais que c'est une sorte d'indisposition du corps, durant laquelle il faut s'abstenir des rapports sexuels, et non des relations en général:
﴾Ils t'interrogent au sujet de la menstruation des femmes. Dis: c'est une indisposition. Abstenez-vous de rapports sexuels avec les femmes durant leur menstruation﴿ Sourate La Vache[2:222].
Le Coran définit donc simplement cet état comme une sorte d'indisposition comme les autres et en ôta toute notion de souillure.
Dans les Traditions d'Abou Dawoud1, il est écrit à propos de la révélation de ce verset:
"Anas ibn Malek a dit: 'Les juifs avaient coutume d'expulser de la maison toute femme parmi les leurs qui devenait menstruée. Ni ils ne mangeaient avec elle, ni ne buvaient dans le même récipient, ni n'habitaient dans la même pièce qu'elle. Aussi l'Envoyé de Dieu fut-il interrogé à ce sujet, et ce verset fut révélé. Le Prophète interdit de prendre ses distances à l'égard des femmes menstruée, et dit qu'elles n'ont aucune autre interdiction que les rapports sexuels."
Du point de vue islamique, la femme menstruée a le statut d'une personne "mohdis", c'est-à-dire destituée du "woudou"* et du "gosl"* et "exclue" ainsi de la prière et du jeûne.
Toute cause d'impureté juridico-religieuse "hadas" est éliminée par la purification que constituent le "woudou" ou le "gosl". En ce sens, nous pouvons considérer les menstrues comme une impureté au même titre que la pollution sexuelle, le sommeil, l'évacuation d'urine2, etc... Avec cette différence que ce type d'impuretés ne sont pas spécifiquement féminines et sont éliminées par le "ghosl" ou le "woudou".
Chez les juifs et les zoroastriens, on se comportait à l'égard de la femme menstruée comme d'un objet souillé, ce qui avait engendré à la fois chez la femme et chez l'homme la pensée qu'elle est un être vil et impur, et la femme elle-même en particulier, éprouvant dans cet état de la honte et une déficience, se dissimulait.
Nous avons précédemment cité ces propos de Will Durrant: "Après Darius, la condition des femmes connut un déclin, en particulier au sein de la couche riche. Les femmes pauvres, nécessairement amenées à circuler parmi les gens pour travailler, préservèrent leur liberté. Mais en ce qui concerne les autres femmes, la réclusion qui leur était imposée en période menstruelle fut graduellement prolongée jusqu'à embrasser la totalité de leur vie sociale..."
Il dit aussi: "C'est lorsqu'elle comprit qu'en période menstruelle, il lui est interdit de s'approcher de l'homme que la femme ressentit pour la première fois de la pudeur et de la honte."
Beaucoup de choses ont été dites au sujet du fait que la femme ressentit initialement en elle une déficience et que cela la fit considérer par l'homme et par elle-même comme un être vil. Que ces propos soient exacts ou non, ils sont sans rapport avec la philosophie islamique concernant la femme et le "couvrement" féminin. L'Islam, ni ne considère la menstruation comme rendant la femme vile et méprisable, ni n'a invoqué le "couvrement" en raison de la "bassesse" et du "caractère méprisable" de la femme: il eut d'autres desseins.
*AYATOLLAH MOTAHHARY, Mortada, La Question du Hijab, Publication de La Cité du Savoir, Traduit de l'anglais et édité par AL-BOSTANI, Abbas, Canada.
1- Kafi, p. 499.
2- Les états énumérés annulant les ablutions préparant à la prière (N.d.t.).