Ainsi, installé dans sa fonction d'entretien des pèlerins, 'Abdul-Muttalib accomplit sa tâche pendant des années. Mais il était dépourvu de force et d'influence et, n'ayant qu'un fils pour l'assister, il lui fut difficile de venir à bout de la faction contestataire des Quraych. Il sentait si profondément sa faiblesse et son infériorité par rapport aux familles puissantes et nombreuses de ses opposants qu'il fit le vu de sacrifier un fils à la Divinité. Sa prière fut entendue et il commença à avoir un fils après un autre. En même temps la fortune lui sourit. Il reçut en vision l'ordre divin de creuser le puits de Zam-Zam qui était comblé depuis des siècles et dont on ne se souvenait même pas de l'emplacement exact. Il fit des recherches diligentes pour le site du puits dans la proximité de la Ka'bah et il finit par retrouver les traces des travaux de sa maçonnerie. Aidé de son fils Hârith, le seul à être déjà grand, 'Abdul-Muttalib creusa de plus en plus profondément, malgré l'opposition des Quraych, jusqu'à ce qu'il trouvât les deux "Ghezalles" dorés, avec les épées et les armures complètes enterrées là depuis plus de trois siècles par le roi 'Amr Ibn Hârith. Ainsi fut découvert le puits de Zam-Zam.
Le flot d'eau fraîche et abondante qui jaillit du puits fut un triomphe pour 'Abdul-Muttalib. Jusqu'ici, on se procurait l'eau dans des puits dispersés un peu partout à la Mecque et emmagasinée dans des citernes près de la Ka'bah, pour être mise à la disposition des pèlerins. Mais désormais tous les autres puits furent abandonnés, et seul ce puits-là fut utilisé en raison du bon goût et de la pureté de son eau. L'origine de Zam-Zam reste entourée de mystère. Selon la tradition l'eau se mit à jaillir du sol pour la première fois sous les talons de l'enfant Ismâ'îl dont le père Ibrâhîm avait émigré avec sa mère Hagar dans ce pays inculte. Cette dernière avait continué à courir çà et là avec ardeur, derrière le mirage des sables mouvants, à la recherche de l'eau pour étancher sa soif. De là ce puits devint sacré et par la suite il acquit une sainteté supplémentaire en partageant le caractère sacré de la Ka'bah et de ses rites.
* Safdar Hussein, Histoire des Premiers Temps de l'Islam, Traduit de l'anglais, édité et annoté par Abbas Ahmad al-Bostani, La Cité du Savoir, Canada.