Lorsque les nuages noirs de l'ignorance avaient couvert toute la péninsule Arabique, qui était devenue un foyer de corruption et de toutes les cruautés, Allah, Le Miséricordieux, par Sa Grâce, envoya Son Messager, le Prophète Muhammad (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) au monde entier, avec l'Ordre d'appeler toute l'humanité au monothéisme, de l'amener à adorer Allah L'Unique, et à Lui obéir, à pratiquer la justice, la loyauté, la coopération mutuelle, à s'armer d'une morale élevée, et avant tout à soutenir l'intégrité et la Vérité, et enfin, et surtout, à poser les fondations de la Foi, de la piété, et de l'esprit de sacrifice.
Au début, le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) avait reçu l'Ordre d'appeler les gens aux Principes fondamentaux, et tant que la société restait plongée dans l'arbitraire et la tyrannie, il orienta son Message initialement vers les gens qui avaient tendance à l'accepter. Ainsi, au commencement, seuls quelques individus embrassèrent son Message. Selon les récits historiques, parmi les premiers convertis, l'Imam Ali (Que la Paix et le Salut d'Allah soient sur lui), le cousin du Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille), qui avait été éduqué par celui-ci, fut le premier homme à embrasser l'Islam et la deuxième personne, après Khadijah, à le faire.
Après quelque temps, le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) reçut l'Ordre de propager la Religion Divine parmi ses proches parents. Obéissant à cet Ordre et voulant l'exécuter, il invita une quarantaine de ses proches parents à un repas chez lui, et il leur parla de l'avènement de sa Prophétie. Par la suite, toujours sur Ordre d'Allah, il commença à prêcher publiquement. Ainsi, il répandit la Lumière brillante de cette Guidance Divine à partir de sa maison, pour l'étendre au monde en général.
Les Arabes en général, les Mecquois en particulier, réagirent avec véhémence à l'Appel public à l'Islam. Non seulement ils récusèrent cet Appel, mais ils décidèrent d'adopter une attitude vicieuse à son égard, et leur conduite devint outrageante et sauvage.
Ils traitèrent le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) de personnage occulte, de magicien, de fou ou de poète, et se moquèrent de lui. Lorsqu'il appelait les gens à l'Islam, ou qu'il leur demandait de prier Allah, ses détracteurs s'ingéniaient à le perturber, jetant même des immondices sur lui, le frappant avec des bâtons, lui adressant des propos humiliants ou lui lançant des cailloux. Parfois, ils essayaient de le détourner de sa Mission en lui faisant miroiter richesse et pouvoir. Malgré toutes leurs tentatives, le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) ne montra aucun signe de faiblesse ou de découragement. Parfois, il éprouvait un sentiment de regret et de désolation pour l'ignorance et la disposition rebelle de son peuple. Dans de tels moments, des Révélations Divines venaient le consoler et l'inciter à plus d'endurance et de persévérance. Parfois, des Versets coraniques lui étaient révélés, qui lui suggéraient de ne pas prêter attention à la tyrannie des gens, et de ne marquer aucun relâchement dans ses efforts.
Les incroyants mettaient les disciples du Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) aussi à rude épreuve, et leur faisaient subir toutes sortes de cruautés, ce qui eut pour conséquence la mort en Martyrs de la plupart d'entre eux. Quelques disciples demandèrent au Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) de conclure un arrangement avec les incroyants en vue de mettre fin à leur nuisance de plus en plus insupportable, mais le Messager d'Allah leur disait :
«Je n'ai reçu aucun Ordre d'Allah en ce sens ! Soyez donc patients...»
D'autres disciples, qui ne pouvaient plus supporter les persécutions des Mecquois, furent contraints d'abandonner maisons et biens pour émigrer dans d'autres contrées.
Lorsque la cruauté des incroyants atteignit son paroxysme, le Prophète donna l'autorisation à ses adeptes d'émigrer à Habachah (Abyssinie = Ethiopie), afin d'échapper à la répression. Ainsi, une partie de ses partisans quittèrent-ils La Mecque, sous le commandement de Ja'far (un autre fils d'Abou Taleb) pour émigrer en Abyssinie. Ja'far, le frère de l'Imam Ali, était l'un des Compagnons les plus distingués du Saint Prophète.
Lorsque les mécréants de La Mecque apprirent la nouvelle de cette Emigration, ils dépêchèrent deux hommes expérimentés, avec de nombreux cadeaux à l'intention de l'empereur d'Abyssinie, afin de le convaincre de renvoyer les émigrants à La Mecque.
Pour faire échec à la mission perfide des mécréants mecquois, Jaafar fit un discours persuasif devant l'empereur, en présence de ses dignitaires religieux, de ses courtisans et des hautes personnalités du pays, discours dans lequel il établit que la personnalité du Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) était imprégnée de Lumière Divine, et il cita quelques Versets coraniques de la Sourate Maryam (Marie) pour montrer combien l'Islam respectait tous les Prophètes d'Allah. Son discours fut tellement touchant que les yeux de l'empereur et de l'assistance débordèrent de larmes. Le résultat fut que l'empereur refusa la requête des représentants des mécréants mecquois, ainsi que leurs cadeaux. En revanche, il décréta que les émigrés musulmans devaient être traités avec le respect dû, et que toutes les commodités et moyens de vie leur soient assurés.
Après cet incident, les infidèles mecquois décidèrent de mettre les Banî Hâchim [le clan dont était issu le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille)], qui soutenaient le Messager d'Allah dans sa Mission, au ban de la société, et de les boycotter. Puis les infidèles conclurent et signèrent un traité en ce sens, traité qui fut déposé à l'intérieur de la Sainte Ka'bah pour lui donner plus de poids.
Le voyage à Tâ'if
L'année où le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) et les Banî Hâchim sortirent du Chi'b Abî Tâlib était la dixième année de la Mission prophétique. Vers cette époque, le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) fit un court voyage à Tâ'if, une ville située à environ cent kilomètres de La Mecque. Il y appela les habitants à embrasser l'Islam. Mais il ne tarda pas à se heurter aux voyous et aux obscurantistes, qui déferlèrent de partout pour tenir à son égard des mots grossiers, et lui lancer des pierres, ce qui eut pour conséquence le départ du Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille). De Tâ'if, il retourna à La Mecque pour y rester un moment, mais étant donné que sa vie était en danger, il vivait dans la retraite.
Entre-temps, les chefs de La Mecque décidèrent de se débarrasser une fois pour toutes du Saint Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille). Ils se réunirent à cet effet, à Dâr al-Nahdhah, une sorte de lieu de rendez-vous. Lors de l'une de leurs réunions, ils mirent au point un complot en vue de son assassinat. Leur plan consistait à choisir un homme de chaque tribu de l'Arabie pour attaquer ensemble, et en même temps, la maison du Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) et l'y supprimer. La stratégie de chacune des tribus participant au complot était fondée sur l'idée que si, après l'assassinat du Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille), les Banî Hâchim -le clan dont il était issu- venaient à décider de venger sa mort, ils devraient combattre toutes les tribus impliquées dans le complot, et étant donné qu'un membre du clan même des Banî Hâchim se trouvait parmi les conjurés, il y aurait des disputes au sein même des protecteurs du Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille).
Le moment de l'exécution du plan arriva. Environ quarante personnes, venues de différentes tribus en vue d'assassiner le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille), assiégèrent sa maison pendant la nuit, avec l'intention d'en forcer l'entrée tôt le matin et d'exécuter la décision commune. Mais la Volonté Divine, qui était plus puissante que leurs intentions, mit en échec tous leurs plans. En effet, Allah prévint, par Révélation, le Saint-Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) du complot perfide des conspirateurs, et lui ordonna de quitter La Mecque pendant la nuit pour émigrer à Médine.
Le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) informa l'Imam Ali (Que la Paix et le Salut d'Allah soient sur lui) de ce plan, et lui ordonna de dormir dans son lit pendant la nuit pour faire croire aux conjurés que le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) était toujours là. Et après avoir fait son testament à l'Imam Ali (Que la Paix et le Salut d'Allah soient sur lui), il quitta la maison à la faveur de la nuit. Sur son chemin, il rencontra Abû Bakr, qu'il prit avec lui en direction de Médine.
Avant cette Emigration, un petit nombre de notables de Médine avaient déjà embrassé l'Islam, lorsqu'ils avaient rendu visite au Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) à La Mecque. A ce moment-là, ils lui avaient promis non seulement de le soutenir s'il venait à Médine, mais aussi de le défendre de la même manière qu'ils défendraient leurs propres vies ou leur honneur.
L'Emigration à Médine
Le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) arriva à la grotte de Thaur pendant la nuit, et après y être resté trois jours, il poursuivit son voyage vers Médine. Une fois arrivé à destination, il fut reçu chaleureusement par les Médinois.
Les infidèles mecquois, qui avaient déjà assiégé la maison du Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) pendant la nuit, y pénétrèrent au lever du jour et, brandissant leurs épées, ils se dirigèrent vers le lit où, à leur grande surprise, ils trouvèrent l'Imam Ali (Que la Paix et le Salut d'Allah soient sur lui) à la place du Prophète Muhammad (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille). Lorsqu'ils apprirent le départ du Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) de La Mecque, ils se mirent à le rechercher un peu partout, mais ils retournèrent finalement déçus.
Le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) arriva à Médine. Les habitants de Médine embrassèrent l'Islam avec une grande ferveur et beaucoup d'enthousiasme, et offrir au Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) leur soutien. La ville revêtit un aspect islamique. Au lieu de "Yathrib", son nom de l'époque, on lui donna celui de "Madinat-ul-Rasûl", la ville du Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille). Ainsi, Médine devint la première ville de l'Islam. Environ le tiers de sa population se composait d'hypocrites, mais ceux-ci, par crainte de la majorité des habitants, faisaient semblant d'adhérer à la Foi musulmane.
L'Islam répandit à présent sa Lumière partout. L'état séculaire de guerre entre les Aws et les Khazraj, les deux grandes tribus de la région, tourna en paix et en amitié mutuelle entre les anciens belligérants.
Les adeptes de l'Islam qui étaient restés à La Mecque et qui avaient subi beaucoup d'oppression de la part des incroyants, quittèrent graduellement leurs maisons et émigrèrent à Médine où leurs Frères en Religion les reçurent à bras ouverts.
Maintenant, ces Musulmans qui avaient quitté La Mecque pour s'établir à Médine s'appelaient les "Muhâjirîne" (les Emigrés), alors que les Musulmans de Médine reçurent le surnom de "Ançâr" (Partisans).
Nombreuses étaient les tribus juives qui étaient installées à Médine et dans ses banlieues, ainsi qu'à Khaybar et à Fadak. Leurs rabbins avaient toujours prédit l'avènement de la Prophétie du Prophète de l'Islam (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille). Mais après l'Emigration de celui-ci, ces tribus refusèrent d'embrasser l'Islam lorsqu'elles y furent invitées. Toutefois, sous certaines conditions particulières, un pacte de non-agression fut conclu entre les Musulmans et les Juifs.
L'hostilité des incroyants mecquois envers les Musulmans et le Prophète (Que la Bénédiction et la Paix d'Allah soient sur lui et sur sa Sainte Famille) s'accentuait à mesure que l'Islam progressait. Aussi cherchaient-ils le moyen approprié pour briser les liens de solidarité mis en avant à l'occasion de la déclaration de la Fraternité entre les Muhâjirîne (Emigrants) et les Ançâr (Partisans). D'un autre côté, les Musulmans, Muhâjirîne et Ançâr confondus, qui entretenaient dans leur coeur une haine silencieuse envers les Mecquois qui leur faisaient souffrir le martyre, attendaient l'Ordre d'Allah pour les punir et pour libérer les enfants et les gens innocents de leur joug oppressif.
* ALLAMA TABATABAI, Mohamad Hussein."Universalité de l'Islam" . Traduit de l'anglais et édité par Al-BOSTANI, Abbas.