La prière et le jeûne de l’immigré
L’immigration est considérée comme un voyage et l’immigré par conséquent doit
respecter les règles religieuses s’appliquant à tout voyageur. Nous les résumons
ci- dessous:
Les conditions du voyage
Le voyage nécessite, pour être accompli, certaines conditions:
- une traversée qui dépasse 45000 kilomètres, que cette traversée soit dans un
seul sens, ou en aller-retour. Au cas où l’intention de la personne est
d’accomplir un aller-retour, et que la destination prévue est à 22,5 kilomètres,
de tel que, y compris le retour, la personne aie traversé 45 kilomètre, elle est
considérée comme ayant accomplit un voyage.
- L’intention de voyage, car une traversée accomplie sans intention, quelque
soit la cause, n’est pas considérée légalement comme étant un voyage.
Les règles légales du voyageur
Une fois les conditions ci-dessus accomplies, certaines règles légales
s’imposent au voyageur:
- L’abrègement de la prière quadruple du Midi, du Soir, et de la Nuit jusqu’à
deux Rekaa (prosternations), tout en respectant les conditions habituelles de la
prière du Matin et du Coucher.
- L’interdiction du jeûne, même durant le mois de Ramadhan, lorsque le voyage
commence avant l’Azan (l’appel à la prière) de Midi, sauf dans les 2 cas
suivants:
1- Si le voyageur arrive à sa destination dans le but
d’y rester 10 jours ou plus, et ceci avant d’avoir commis l’un des éléments qui
annulent le jeûne.
2- Si le voyage commence dans l’après-midi.
- Les actes surérogatoires du jour ne gardent plus leur valeur habituelle, à
l’exception des actes surérogatoires nocturnes comme la prière de Al Watira (deux
prosternations en posture assise) dans l’intention de requête1.
La prière dans l’avion2
La prière est obligatoire durant le voyage, même à bord d’un avion. Si le temps
de la prière s’écoule durant le voyage, le voyageur doit accomplir sa prière à
bord. Il lui est aussi recommandé, en cas de possibilité, d’accomplir la prière
à bord de l’avion même lorsque la marge du voyage ne s’étend pas sur toute la
période d’accomplissement légale de la prière et qu’il possède le temps
nécessaire pour prier à son arrivée. Mais il doit dans ce cas respecter
certaines conditions:
- respecter la Kibla (la direction de la Mecque)
- arrêter momentanément la lecture durant la prière lorsque l’avion dévie de
droite à gauche.
- Annuler la prière lorsque la déviation de l’avion entraine une déviation dans
la direction du priant, l’éloignant de la Mecque.
- Annuler la prière lorsque l’avion traverse la Mecque, pour sauvegarder la
condition de la Kibla.
- La prière ne s’annule pas lorsque l’avion vole dans l’orbite de la Mecque sans
la pénétrer.
- Lorsque le temps de la prière s’écoule dans le pays de départ mais reste
valable dans le pays d’arrivée, le voyageur opte pour le pays d’arrivée et
accomplit la prière dans ses conditions naturelles et non Kadaà (récupération de
la prière)3
Le voyage du vice
Toutes les règles de prière et de jeûne citée ci-dessus ne sont pas valables
lorsque le voyage est accomplit dans le but du vice, à l’instar de celui qui
voyage pour fuir le Jihad obligatoire (la guerre sainte) ou qui va à la
recherche d’un commerce illicite. Ce voyageur doit accomplir sa prière complète
et ne peut annuler son jeûne4.
Le pays "légal"
On appelle patrie la ville ou le village natale de l’homme, c’est-a-dire le lieu
où il est né et a vécu. Mais il y a des pays qui prennent place de patrie,
lorsque l’homme décide d’y vivre de manière à ce qu’il devienne un de leurs
habitants. Il est permis au musulman d’avoir deux telles patries outre sa patrie
natale, que nous appellerons "pays légaux"5.
L’immigré étudiant
L’immigré qui va à la recherche de la connaissance doit abréger sa prière et ne
peut jeûner dans le pays d’accueil (taksir)6, sauf dans le cas où il
a l’intention de séjourner 10 jours et plus.
L’immigré travailleur
La personne dont le travail englobe le besoin de voyager doit prier et jeûner
dans le pays d’accueil comme si elle était dans son pays natal7.
Par contre, lorsque le voyage de travail n’est pas restreint à un seul pays et
englobe plusieurs, de tel que par exemple, une personne de Beyrouth ait à
traverser une longue distance pour atteindre son lieu de travail, qui peut être
en France ou en Turquie, ou dans un pays quelconque, la règle de prière dans le
premier voyage vers une des destinations est l’abrègement (taksir), tandis que
le second voyage implique les même règles de prière et de jeûne du pays natal ou
légal (tamam), à condition que la personne voyage une fois au moins chaque 10
jours8.
La personne peut quitter son lieu de travail vers une destination inférieure à
la destination légale de voyage sans avoir à changer la règle légale habituelle
(tamam) même lorsque le but n’est pas de travailler. Tant que la personne est
présente dans son lieu de travail, toute traversée qu’elle accomplit dans les
alentours de ce lieu à une destination inférieure à la destination légale ne
change pas la règle légale habituelle (tamam).
La personne qui reste durant le voyage dans son lieu de travail, mais pour des
raisons différentes, comme par exemple une personne de Beyrouth qui voyage en
France pour le travail, mais y reste un jour ou plus dans le but de visiter des
amis ou des membres de sa famille, garde la règle légale habituelle (tamam) à
condition que son intention de départ soit le voyage. Si l’intention de départ
est dans un autre but que le travail, la règle est alors l’abrègement (taksir)
même si le lieu est celui du travail9.
Les règles de la vue du croissant lunaire (Hilal)
Comment l’immigré peut-il connaître le début du mois lunaire, surtout durant les
mois de lumière et le mois béni de Ramadhan? La manière légale pour reconnaître
le début du mois est la vue du croissant lunaire (Hilal) qui disparait
immédiatement après le coucher du soleil.10
Mais comment pourrait-t-il connaître le début du mois lorsque le croissant
lunaire (Hilal) n’apparait pas à l’œil nu dans certains pays en raison des
variations météorologiques ou des conditions géographiques? Et peut-il dépendre
de l’annonce de la vue du croissant lunaire (Hilal) dans un autre pays, ou bien
ceci diffère-t- il d’un pays à un autre?
L’immigré doit prendre des précautions avant d’assumer le début du mois si le
croissant de lune (Hilal) n’est pas vu dans l’un des pays voisins présent sur le
même méridien, et si sa vue n’est pas assumée par le témoignage de deux
personnes pieuses et disant toujours la vérité, ou par le Waliy Al Fakih11.
Si la vue du croissant lunaire est assumée dans les pays de l’est, elle l’est
aussi dans les pays de l’ouest, c’est-a-dire que si la vue du croissant est
assumée au Liban, elle l’est aussi en France, mais le contraire n’est pas
valable, sa constatation en France ne suffit pas pour assumer son apparition au
Liban et ainsi de suite12.
* Le Fiqh de L'Immigre, Organization d'Al-Maaref Islamique.
1- Tahri’r al wasila, vol 1, p.262
2- Tahri’r al wasila, vol 2, p.567, n.2
3- Tahri’r al wasila, vol 2, p.567, n.2
4- Tahri’r al wasila, vol 2, p.252
5- Les règles du voyage, p.55
6- Les réponses aux consultations, édition dar al-islamiya, vol 1, p.186
7- Les réponses aux consultations, édition dar al-islamiya, vol 1, p.189
8- Les réponses aux consultations, édition dar al-islamiya, vol 1, p.256
9- Les réponses aux consultations, par Al-sayid ali Al Khamenei, vol 1, p.256
10- Les réponses aux consultations, par Al-sayid ali Al Khamenei, vol 1, p.257
11- Les réponses aux consultations, par Al-sayid ali Al Khamenei, vol 1, p.256
12- Les réponses aux consultations, par Al-sayid ali Al Khamenei, vol 1, p.256