Pendant 33 jours, du 12 juillet au 14 août 2006, les forces armées israéliennes, équivalentes en volume aux forces terrestres et aériennes françaises, ont tenté d'éradiquer la menace qu'exerçait le mouvement Hezbollah depuis le Sud-Liban. Elles n'y sont jamais parvenues et cet échec immense prend une dimension particulière tant la disproportion des forces paraissait écrasante.
Se trouvent en particulier nettement posées les questions de l'efficacité de la force militaire dans ses modes d'expression actuels et celle de l'efficience de son emploi au regard des coûts engendrés par rapport à la modestie et même à l'absence des résultats obtenus.
Le 12 juillet 2006, par un raid apparamment bien organisé, le Hezbollah parvient à tuer huit soldats israéliens, à en capturer deux autres et à détruire un char Merkava. Selon le chef de la Résistance islamique Sayed Hassan Nasrallah, cette action n'a pas d'autre but que la libération des prisonniers; cette opération fut donc nommée ; l'opération "Promesse Tenue".
La réaction israélienne est aussi violente que soudaine. Elle prend la forme d'une campagne aérienne de grande ampleur destinée à briser l'appareil militaire du Hezbollah et en particulier, son énorme arsenal de roquettes et de missiles, mais aussi à obliger le gouvernement libanais à coopérer. Traumatisé par l'expérience malheureuse et affreuse de l'occupation du Sud-Liban (1982-2000), le gouvernement d'Ehoud Olmert, reste en revanche très réticent à l'idée d'une offensive terrestre.
L'échec de ce plan "sur une jambe" est rapidement évident. Si la menace des lanceurs à longue portée est rapidement écartée, il n'en n'est pas de même lorsqu'il s'agit de contrer la pluie de roquettes qui s'abat quotidiennement sur le Nord de la Palestine occupée.
Dès lors, l'option terrestre ne plus être évitée, mais les réticences politiques sont encore telles que les unités au sol ne sont engagées que très progressivement. Dans un premier temps, il s’agit de s’emparer seulement de Bint Jbeil, fief du Hezbollah à quelques kilomètres de la frontière. Au cours de cette opération, l’armée israélienne échoue devant un adversaire bien mieux organisé et équipé que les mouvements palestiniens auxquels elle était habituée. En s’appuyant sur une structure défensive urbaine ou souterraine, l’infanterie du Hezbollah combine harcèlement à courte portée et tirs de missiles, aussi efficaces sur les véhicules que sur les bâtiments.
L’offensive terrestre israélienne est alors élargie à l’ensemble de la frontière. Cette deuxième phase terrestre n’obtient guère plus de succès que la première. Elle révèle surtout l’ampleur des lacunes accumulées par l’armée de terre depuis des années : perte des savoir-faire de la guerre de haute-intensité, sous-entraînement et sous-équipement des réserves, etc. La levée des contraintes politiques, à quelques jours du « cessez-le-feu » ne permet pas à Tsahal de redorer son blason. Cette offensive de trois jours est même particulièrement coûteuse en hommes et en chars.
Lorsque les armes se taisent, le 14 août, l’impression générale est celle d’un échec israélien en dépit des certaines pertes infligées au Parti de Dieu. Les premières réactions et décisions du haut commandement israélien semblent indiquer la volonté de revenir à un modèle tactique plus équilibré combinant « la guerre à distance » de haute-technologie avec des procédés plus classiques.
*source: Analyse à chaud de la guerre israélo-Hezbollah (juillet-août 2006) / CDEF - DREX / Ministère de la défense - France