Le verset 78 de la Sourate 18 souligne la
position et les droits de l’enseignant. Ce sujet nous concerne tous car nous
avons tous eu un certain nombre de professeurs aussi bien dans le domaine laïc
que religieux. Ces enseignants ont eu des effets positifs ou négatifs sur notre
vie. Nous nous rappelons au moins une histoire sur un professeur qui nous a
inspiré et qui a été un guide pour nous. L’enseignant est une figure centrale
car il construit la communauté.
Les enseignants sont mis en valeur dans chaque communauté car ils sont un
symbole de l’altruisme et du sacrifice. Imam Ghazali avait l’habitude de dire :
« Traitez votre Connaissance comme vous traitez votre richesse. » Nous
gagnons notre argent, l’économisons puis le dépensons. Nous devrions faire de
même avec le Savoir. Comment le dépenser? En le propageant à ceux qui nous
entourent.
Rappelons-nous ce hadith de notre Saint-Prophète (Psl) : « L’encre de
l’érudit est supérieur au sang du martyr. » En effet, un martyr donne la vie
pour la communauté tandis que l’enseignant apporte les briques de construction
de la communauté.
Avant que Socrate meure, tous ses étudiants voulaient piller la ville pour
l’amour de leur professeur mais ce dernier leur a demandé de ne pas le faire.
Ses élèves, sachant qu’il allait être tué, voulaient donner tout ce qu’ils
avaient.
Nous allons développer les points suivants :
1) Que voulait dire al-Khizr quand il a dit à Moussa (Psl) « Ceci marque la
séparation entre toi et moi » et quelle relation y avait-il entre l’enseignant
et l’élève ?
2) Que dit notre 4ème Imam (Psl) dans l’épitre des droits de l’enseignant dans
l’Islam ? Et si vous respectez ces droits, quelle relation y a-t-il entre
l’enseignant et l’élève ?
3) Quels fameux fils du califat omeyyade se tournèrent vers l’amour de la
famille de Mohammad grâce à leurs professeurs ?
1ère partie : Que voulait dire al Khizr quand il a dit à Moussa (Psl) « Ceci
marque la séparation entre toi et moi » et quelle relation y avait-il entre
l’enseignant et l’élève ?
Le verset 78 de la Sourate 18 raconte l’une des discussions les plus mystiques
du Saint-Coran. Cette histoire d’al-Khizr et Moussa (Psl) ; souligne
l’importance d’acquérir tous les aspects de la Connaissance, qui que nous soyons.
Moussa (Psl) est le porte-parole d’Allah, nous le connaissons comme le Prophète
qui a entendu la Voix d’Allah.
Il fait partie des « Ouloul Azm ». Il est considéré comme un grand Prophète car
il a sauvé les enfants d’Israël des griffes de Firawn, il a parlé à son
Seigneur, il a fondé la plus grande des familles, il a réalisé la plus grande
performance spirituelle de sa communauté. Les gens venaient de loin pour
apprendre de son savoir. Les musulmans mais aussi les non-musulmans apprennent
beaucoup de la vie de Moussa (Psl).
A un moment, vers la fin de sa vie, il se dit : « J’ai plus de Connaissance
que tous ceux qui m’entourent ». Dès que cette pensée lui traverse l’esprit,
Allah (exalté soit-il) envoie l'Ange Gabriel (Psl) pour lui dire « Moussa,
va chercher la personne qui a plus de Savoir que toi ». En entendant ceci,
le prophète Moussa (Psl) est étonné car il n’est pas seulement Prophète mais
aussi un Messager.
Moussa (Psl) aurait pu se dire « Je suis trop vieux maintenant, ce n’est pas la
peine que j’essaie d’acquérir plus de Savoir, il vaut mieux que je laisse pour
les jeunes. » Mais non ! Il ne réagit pas comme cela ! Il va chercher un
enseignant qui puisse lui enseigner ce qu’il ne sait pas. Il va voir al- Khizr.
Ce dernier lui dit « Je pense que tu n’as pas la patience d’apprendre la
vérité et de comprendre la sagesse derrière certaines choses.»
Moussa (Psl) ne pouvait pas supporter de voir al-Khizr agir de manière étrange
mais il s’est rendu compte qu’il devait respecter les ordres de son enseignant.
C’est une leçon pour nous : si le professeur nous demande de nous taire, nous
devons rester silencieux.
Quels sont les enseignements que nous pouvons tirer de cette histoire ?
- Peu importe votre âge, ce n’est pas embarrassant de chercher le Savoir. En
effet, l’Islam nous invite à acquérir le Savoir du berceau jusqu’à la tombe.
Un jour, lorsque Le Cheikh Toussi était assis sur le Chaire, quelqu’un lui dit «
Qui êtes-vous pour vous asseoir 3 marches plus haut que nous, sur le Chaire ?
Vous pensez que vous êtes si connaisseur ? Vous vous considérez comme supérieur
? » Cheikh Toussi répondit « Ces 3 marches sont juste pour ce que je sais, pas
pour ce que je ne connais pas. Pour ce que je ne sais pas, on devrait créer un
Chaire haut de 1000 marches. »
Le Prophète Moussa (Psl) commença à apprendre comme s’il était un enfant. Les
gens se demandent comment c’est possible qu’alors que Moussa (Psl) est un
Prophète, un être humain a plus de Savoir que lui ? En réalité, la Connaissance
d'al-Khizr concernait les secrets de la création tandis que le Savoir de Moussa
(Psl) portait sur les secrets de la législation (La Shariah)
- Un bon enseignant ne nous enseigne pas seulement les secrets de la Terre,
il nous enseigne aussi les secrets des cieux. Si nous trouvons un bon enseignant,
il peut nous apprendre la sagesse en plus de la Connaissance.
En effet, Allah (exalté soit-il) révèle aux professeurs qui dédient leurs vies à
l’enseignement des choses que les yeux ne peuvent pas voir mais que le cœur de
l’enseignant peut voir. Ils reçoivent l’aide divine. Rappelez-vous le hadith
selon lequel "le Savoir est la lumière" c’est-à-dire que le savoir
illumine notre vie et nos yeux.
Souvenons-nous comment certains de nos marjas ont sacrifié leurs vies pour
l’Islam. Allah (exalté soit-il) leur a ouvert les voiles des cieux et de
l’univers. Prenons l’exemple de Sayed Ali Qazi Tabatabai qui était l’enseignant
d’Ayatoullah Khomeini, Ayatoullah Khoei et Ayatoullah Behjat dans le hawza de
Najaf.
Un de ses érudits raconte « Nous étions
tous assis en cours et un jeune érudit que nous ne connaissions pas arriva ;
Sayed Tabatabai dit "Ô Sayed Rouhoullah, quand vous voyez l’injustice et la
tyrannie qui vous attaquent, restez fermes et Allah (exalté soit-il) vous
donnera la victoire." Nous nous demandions tous qui était ce Sayed Rouhoullah et
ce qu’il avait de particulier. Plus tard, en 1979, nous avons entendu que Sayed
Rouhoullah Khomeini a obtenu la victoire en Iran. C’est à ce moment-là que nous
nous rappelions cette anecdote de notre jeunesse. »
Examinons l’exemple du cheikh Jaafar Chouchtari qui avait l’habitude de dire «
J’étais enseignant et à la fin de mon cours, j’avais l’habitude de réciter les
malheurs (massaeb) de l’Imam al-Houssain (Psl), mais je n’arrivais pas à réciter
les malheurs par cœur. Je lisais dans un livre. Je priais Allah (exalté soit-il)
qu’Il m’accorde un secret me permettant de réciter les malheurs de l’Imam (Psl)
sans avoir besoin de lire. Un jour, j’ai vu en rêve l'Imam al-Houssain (Psl)
assis près de Habib Ibn Muzahir à Karbala. Ils m’ont dit "Ô cheikh Jaafar, venez
à côté de nous !" Quand je m’approchai, l'Imam al-Houssain (Psl) dit : "Nous
sommes désolés, nous n’avons pas d’eau à vous donner ici mais nous allons
préparer de la nourriture pour vous car vous êtes notre invité." J’ai mangé
cette nourriture et le lendemain, et durant le reste de ma vie, je pouvais
mémoriser les malheurs de l’Imam Houssain (Psl) et n’avais plus besoin de lire
d’un livre. »
- Cherchons un enseignant qui enseigne par amour pour Allah (exalté soit-il),
pas pour montrer aux autres
Lorsque Moussa (Psl) est allé voir al-Khizr (Psl), ce dernier aurait pu dire «
Comme vous êtes le Prophète d’Allah (exalté soit-il), je vais vous donner toutes
les réponses tout de suite, je vais tout vous enseigner ici et maintenant. »
Mais al-Khizr enseigne selon ses conditions car il n’enseigne que pour plaire à
Allah (exalté soit-il) et en respectant la discipline de la Connaissance. al-Khizr
enseignait pour que la religion soit répandue.
2ème partie : Que dit notre 4ème
Imam (Psl) dans l'épitre des droits de l’enseignant dans l’Islam ?
Citons quelques droits de l’enseignant :
" · Vous devez les regarder quand ils vous parlent car c’est une marque de
respect
· Vous ne devez jamais élever la voix au-dessus de leur voix même si vous êtes
en désaccord avec votre professeur
· Vous devez purifier votre cœur quand vous les écoutez : quand vous assistez à
un cours avec un enseignant, ne venez pas avec un préjugé ou une idée fausse, ne
venez pas dans le but de trouver des erreurs chez le professeur que vous direz à
tous vos amis
· Si quelqu’un attaque votre enseignant derrière votre dos, vous devez le
défendre.
Rappelons-nous ces paroles d’Imam Ali (Psl) : « Celui qui vous enseigne une
lettre est devenu votre maître. »
Souvenons-nous de l’époque de notre 6ème Imam (Psl) et comment de grands érudits
ont appris dans les classes de l’Imam Jaafar as-Sadiq (Psl) dont Abou Hanifa que
31% des Musulmans d’aujourd’hui suivent et Malik Ibn Anas que 21% des Musulmans
suivent, Soufiyane as-Souri, Hisham Ibn Haqam et Behloul.
Notre 6ème Imam (Psl) leur enseignait la Jurisprudence (Le Fiqh) mais aussi
l’astronomie, la biologie ainsi que la chimie. Jabir Hayaan était l’étudiant le
plus fameux de l’Imam Jaafar as-Sadiq (Psl) Il était le maître de la chimie. Il
était spécialiste des procédés de distillation, d’évaporation et de
cristallisation. Il était le premier à écrire sur Pythagore. 4000 de ses traités
se trouvent à La Sorbonne en France.
3ème partie : Quels fameux fils du califat omeyyade se
tournèrent vers l’amour des Alé Mohammad grâce à leurs professeurs ?
L’Histoire de l’Islam nous montre qu’une personne peut être le fils de l’homme
le plus mauvais qui puisse exister mais son éducation peut incruster dans son
cœur l’amour pour Ahlul Bayt (Pseux)
Le Saint-Coran nous demande de faire attention à la nourriture que nous
consommons. Il ne s’agit pas seulement de la nourriture physique, il est aussi
question ici de la nourriture spirituelle. Le Livre d’Allah (exalté soit-il)
nous met en garde en nous transmettant le message suivant "Faites attention à
qui sont vos enseignants !"
Rappelons-nous l’histoire d'Abdel Aziz, le père de Omar . Son grand-père était
Omar al-Khattab et son beau-père était Abdil Malik Ibn Marwan. Omar raconte : «
Mon père faisait partie des notables des Bani Oumayyah. Quand nous étions jeunes,
nous avions l’habitude de maudire Ali Ibn Abi Talib. J’avais un tuteur qui
venait à la maison pour m’enseigner le Saint-Coran. Un jour, il arriva quelque
chose et je me mis à maudire Ali Ibn Abi Taleb selon mon habitude. Mon
enseignant me regarda et il se renfrogna. Je lui demandai pourquoi il me
regardait de telle sorte. Il répondit : "Ne t’ai-je pas enseigné à lire le
Saint-Coran ? Ne t’ai-je pas enseigné à propos des versets du Coran ?" Je
répondis "Oui, monsieur". Il continua : "Si je te parlais des gens qui ont
combattu à Badr, dirais-tu que c’était des gens bien ?" Je répondais par
l’affirmative. Il dit alors : "Cet homme doit être un grand homme. Cet homme que
tu maudis a tué la moitié de l’opposition à Badr. Ali bin Abi Talib a tué 35 des
70 soldats tués." Quand je sus cela, je jurais que si jamais je devenais un jour
calife d’un pays musulman ou de l’Empire, j’arrêterai les malédictions envers
Ali bin Abi Talib durant la prière du vendredi. »
Et c’est exactement ce qui se passa quand Omar Ibn Abdal Aziz devint calife à
l’âge de 30-32 ans.
*Source : Majaliss de Sayed Ammar Nakshawani,
Arbaeen 2012
Traduit de l’anglais par l’équipe de http://www.shia974.fr