A l’occasion du septième anniversaire de la
victoire d’août 2006 contre l’ennemi israélien, le secrétaire général du
Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a prononcé un discours devant des milliers de
partisans rassemblés dans le village du Sud, Aita Chaab.
Dans son discours Sayyed Nasrallah a dit : « Que la paix de Dieu soit sur vous. Avant tout,
je vous remercie pour votre rassemblement dans ce village frontalier avec
l’entité usurpatrice. Nous prions pour le repos d’âme des martyrs opprimés qui
ont succombé dans l’attentat terroriste de jeudi et pour le prompt
rétablissement des blessés. Nous présentons nos condoléances aux familles des
victimes patientes et nous remercions tous les responsables qui ont condamné cet
attentat. Cependant, nous condamnons le silence de certains pays qui soutiennent
le meurtre et le terrorisme dans notre région.
Je voudrais parler de deux points aujourd’hui :
1- la deuxième guerre israélienne au Liban
2- la situation actuelle dans le pays, dont l’attentat terroriste qui a frappé
hier la banlieue Sud et les tirs de roquettes précédents. Je voudrais parler en
toute clarté et en toute transparence pour pouvoir saboter ce projet de
destruction qui vise le pays.
Cette année, nous avons choisi de célébrer la victoire de juillet 2006 depuis
cette localité frontalière, proche de la Palestine. Vous êtes proches de
l’ennemi israélien, 65 ans après l’établissement de cette entité usurpatrice, et
ceci est très symbolique. Aita, comme tous nos villages et nos villes est le
symbole des habitants attachés à leur terre, le symbole des combattants qui se
sacrifient, des martyrs qui se sont sacrifiés et qui se trouvent auprès de Dieu.
Aita est le symbole de la ténacité, du courage, de la persévérance. Ce qui s’est
passé à Aita reflète la volonté et la passion du peuple de la résistance et des
combattants. Je n’oublie jamais lorsque ce village était exposé aux toutes
formes d’agressions sionistes. Ses habitants et ses combattants étaient menacés
de génocide. Je leur avais dit à l’époque que vous n’êtes pas obligés d’y rester
jusqu’au dernier souffle. Mais les combattants ont choisi de combattre jusqu’à
la dernière balle, et jusqu’au dernier souffle, reflétant ainsi la véritable
valeur de cette résistance. Ceci me rappelle la veille de l’épopée de Kerbala,
lorsque l’imam Hussein dit à ses compagnons de profiter de l’obscurité de la
nuit pour fuir l’ennemi mais ses compagnons ont refusé de l’abandonner. Les
combattants de la résistance scandaient de leur côté : « A tes ordres imam
hussein ! ». Une fois la guerre terminée, les habitants de Aita ont
immédiatement reconstruit leur village, planté ses terres et redonné la vie à ce
village grâce aux sangs des martyrs.
La victoire historique d’août a porté un coup fatal au projet du grand Israël,
cet ennemi qui cherchait à s’imposer dans la région arabe et islamique en tant
que force hégémonique.
Le premier résultat stratégique de la première victoire en mai 2000 fut
l’importance du rôle de la résistance populaire pour vaincre l’ennemi.
Le deuxième résultat stratégique de la deuxième victoire en août 2006 fut la
capacité de la résistance populaire de constituer une force de défense réelle au
moment où le pays ne possède pas les facteurs de force nécessaires.
Une fois de plus, nous réitérons notre attachement à la voie de la résistance
populaire. Nous sommes convaincus que l’équation armée-peuple-résistance
constitue la véritable force du Liban.
Une fois de plus, nous réitérons que nous resterons ici dans cette terre
frontalière. De plus, nous reprenons ce que nous avons dit dernièrement que nous
allons couper les pieds de l’ennemi quand il va essayer de pénétrer et de violer
la souveraineté de notre terre. La résistance est plus forte, plus tenace, plus
solide, plus armée que jamais.
Passons au deuxième volet du discours : A chaque fois que l’ennemi se trouvait
dans l’incapacité de vaincre la résistance, il frappe ses partisans. L’ennemi
considère que c’est notre point de faiblesse et ceci est un facteur dont nous
devons être fiers. Ceci démontre que la relation est très intime entre la
résistance et son peuple. Ce n’est pas le cas des combattants importés des
quatre coins du monde. L’entente d’avril 1996 a réussi à imposer une nouvelle
équation efficace pour protéger la population libanaise. Celui qui a commis
l’attentat d’hier planifiait de faire le plus grand nombre de victimes parmi les
civils. La charge explosive pesait beaucoup plus que 50 kg. Tant qu’il existe un
groupe qui refuse de se soumettre aux diktats, il va payer le prix de ses choix.
Certes, le Hezbollah ne va pas laisser les sinistrés, tout comme doit le faire
l’Etat. Ce qui a eu lieu est une chaine dans le maillon des incidents
sécuritaires dans le pays. Ces derniers mois, des roquettes se sont abattues sur
des régions dans la Békaa. Des groupes syriens ont revendiqué les attaques.
Donc, les auteurs étaient connus, pas besoin de faire des investigations pour en
dévoiler l’identité.
Comme le Hezbollah a-t-il réagi ? Nous n’avons pas eu recours à des réactions
instantanées et nous saluons la prise de conscience de la population. Lors de
l’attentat de Bir el-Abed, d’aucuns ont accusé le Hezbollah d’avoir commis cet
attentat pour renverser la table dessus-dessous et changer la donne au Liban. Ce
sont vos services de renseignements qui agissent de la sorte. Mais vous n’allez
trouver personne qui chérisse cette population plus que le Hezbollah.
Selon les données disponibles, nous avons réalisé que l’auteur n’était pas
Israël. La deuxième hypothèse est celle des groupes takfiris qui ont déclaré la
guerre contre les chiites dès les premiers jours de la crise en Syrie. Mais là
encore, nous avons trouvé cette hypothèse peu plausible. Quant à la troisième
hypothèse, on a avancé qu’il s’agirait d’une partie tierce qui voudrait profiter
de la conjoncture actuelle pour semer la discorde dans le pays.
Tous les indices montrent que l’explosion d’hier est en relation avec ces
groupes takfiris. Certains services de sécurité libanais nous ont informés que
ces groupes préparent des voitures piégées en grand nombre pour les faire
exploser dans la banlieue Sud.
Actuellement, nous devons réaliser un objectif national pour empêcher que de
telles explosions ne se reproduisent dans d’autres régions libanaises.
Les explosions ne visent pas seulement la banlieue Sud de Beyrouth ni les
régions chiites. Je m’adresse à tous les responsables pour leur dire que le
Liban est au bord du gouffre en cas de poursuite de ces explosions. Nous avons
besoin de la coopération de tout le monde, de l’Etat et de la population. Il
faut œuvrer sur deux axes :
1- prendre des mesures préventives conventionnelles comme les barrages, les
fouilles. Toutefois, ces mesures sont loin d’être suffisantes pour mettre un
terme aux attentats suicides ou aux explosions.
2- le deuxième axe: Il s’agit d’œuvrer pour dévoiler, démanteler, arrêter et
lutter contre ces groupes.
En politique, nous pouvons poursuivre notre bataille. Mais laissons de côté les
haines confessionnelles entre sunnites et chiites pour ne pas provoquer une
discorde.
Un mot aux gens, surtout aux familles sinistrées d’hier : Nous avons confiance
en votre patience, votre conscience, votre responsabilité. On veut vous séparer
de votre engagement en faveur de la résistance. Par contre nous sommes sûrs que
vous serez toujours patients et attachés à cette résistance. Ce dont nous avons
peur, ce que vous soyez entrainés dans des réactions hâtives et émotives pour
provoquer une discorde et une guerre confessionnelle. Les auteurs ne sont ni
sunnites, ni syriens, ni Libanais, ni arabes, ce sont des criminels. Ceux-ci ont
tué des sunnites beaucoup plus de chiites. Dans l’attentat d’hier, il existe un
martyr palestinien, des blessés syriens.
Les criminels qui ont tué les fils de la famille Jaafar et Amhaz sont désormais
connus par le nom et l’identité. Il est prohibé de tuer quiconque ne soit pas
responsable de ce meurtre, et toute réaction contraire provoquerait un problème
plus compliqué dans la région de la Békaa-Hermel.
Quant aux auteurs des attentats, je leur dis : Nous vous connaissons très bien,
nos mains vous rattraperons certainement. Certes il revient à l’Etat de le faire
mais là où l’Etat échoue, nous allons assumer nos responsabilités.
Vous, les groupes takfiris, prétendez défendre le peuple syrien, mais vous êtes
responsables en premier du meurtre de ce peuple syrien. Le Hezbollah n’a point
commis de massacres en Syrie comme vous le prétendez.
Aux meurtriers je dis : Sachez que les attentats contre nous ne nous ferons
jamais fléchir. Espèce d’imbéciles, revoyez notre expérience pendant 30 ans avec
les Israéliens. Si nous déployons actuellement 1000 combattants en Syrie, ils
seront 2000 en riposte à vos attentats. Si nous avons 5000 combattants en Syrie,
ils seront 10000. Vous frappez dans l’endroit inapproprié.
Sachez que si la bataille contre ces terroristes nécessite que nous aillions
tous, moi et tout le Hezbollah en Syrie, nous le ferons pour la Syrie et son
peuple, pour le Liban et son peuple, pour la Palestine et sa cause primordiale.
Soyez sûrs que vous êtes incapables de trancher la guerre avec nous. Nous
trancherons la guerre. Cette guerre sera couteuse, oui, mais elle sera moins
couteuse que d’attendre les takfiris arriver à nos portes pour tuer nos familles
et nous égorger comme les moutons. Nous sommes les adeptes du slogan de la
victoire du sang sur l’épée. Que la Paix de Dieu soit sur vous ».
*source: http://french.alahednews.com.lb