Contre l'allergie au lait, adoptez les bons réflexes !
Environ 2 à 3 % des enfants de moins de un an sont allergiques au lait de vache,
mais ce chiffre serait largement sous-évalué. Parfois difficile à diagnostiquer,
ce trouble est à l'origine de nombreux cas d'eczéma et de reflux
gastro-oesophagien. Comment surmonter le problème ? Quand faut-il réintroduire
le lait ? Tour d'horizon.
Les problèmes allergiques explosent dans l'hexagone. Si l'allergie à l'oeuf est
la plus fréquente, l'allergie alimentaire la plus répandue chez les moins de un
an est celle au lait de vache.
Un diagnostic difficile
Le problème avec l'allergie au lait, c'est qu'elle peut avoir des manifestations
diverses, selon l'importance du trouble. Il peut y avoir des réactions
immédiates (dans les deux heures qui suivent l'ingestion de lait) avec de
l'urticaire, des vomissements en jet, un oedème de Quincke ou même un choc
anaphylactique dans les cas graves. Mais il peut également survenir des formes
retardées (au bout de plusieurs heures), avec des problèmes digestifs (coliques,
douleurs.), mais aussi des troubles cutanés ou respiratoires.
D'ailleurs, 40 % des cas de reflux gastro-oesophagien du nourrisson et une part
importante de l'eczéma seraient dus à cette allergie au lait.
Aujourd'hui, lorsqu'une allergie au lait est suspectée, des outils existent pour
confirmer le diagnostic. Dans la plupart des allergies, on recherche la présence
d'anticorps spécifiques (des IgE), témoins du dérèglement du système
immunitaire. Cela passe par les tests cutanés (Prick-test). Un dosage sanguin
des IgE peut aussi être réalisé. Mais pour le lait, il existe souvent des
réactions retardées, qui ne dépendent pas du même mécanisme. Dans ce cas,
l'outil de dépistage le plus simple est le patch-test : tout simplement une
sorte de buvard imbibé de lait que l'on colle sur la peau de bébé. On le laisse
48 heures, et on peut vérifier la présence d'une réaction cutanée.
Prévenir l'allergie ?
Chez les nouveau-nés à risque, dont la famille a des antécédents d'allergie (au
lait ou à d'autres allergènes), il peut être utile de faire de la prévention,
pour éviter de sensibiliser l'enfant. Certains spécialistes proposent de
supprimer pendant la grossesse l'arachide (aliment fortement allergisants).
Cette mesure n'est pas basée sur des preuves scientifiques avérées, mais de
solides présomptions. Et puis supprimer les cacahouètes pendant la grossesse ne
devrait pas entraîner beaucoup de carences. Ensuite, il est conseillé de nourrir
les enfants au sein exclusivement durant 4 à 6 mois. Dans ce cas, il est à
nouveau conseillé à la mère d'éviter l'arachide. Mais si l'allaitement n'est pas
possible, il existe toute une gamme de laits hypoallergéniques qui peuvent être
proposés (mais ils sont plus chers et ne sont pas remboursés.). Attention, les
formules au soja sont à éviter chez l'enfant durant les six premiers mois. En ce
qui concerne la diversification alimentaire, elle ne doit pas se faire avant six
mois révolus, et certains aliments ne doivent pas être introduit avant un
certain temps : pas avant un an pour les oeufs et le poisson, et pas avant 4 à 5
ans pour l'arachide et les fruits à coque (et pas de cosmétiques à l'amande
douce non plus).
Comment traiter ?
Le seul traitement d'une allergie au lait est le régime d'éviction. Il repose
d'abord sur l'utilisation d'hydrolysat de protéines de lait. Car ce qui provoque
la réaction allergique, ce sont certaines protéines du lait. Mais si on les
coupe en morceau, elles deviennent généralement inoffensives. Le problème est
que ces formules sont souvent très amères (mais le bébé les boit, car il les
tolère mieux que le lait normal !). C'est pourquoi on trouve aussi des
hydrolysats d'autres protéines solubles, de caséine, de soja... Pour les enfants
qui ont des problèmes avec les hydrolysats de protéine, il faut couper ces
dernières en morceaux encore plus petits : les acides aminés. Attention, il faut
souvent un certain temps entre la mise en place du régime d'exclusion et la
disparition des symptômes allergiques. L'amélioration n'apparaît pas du jour au
lendemain. Il faut souvent deux à trois semaines entre le changement de formule
et la disparition des problèmes digestifs.
Quand réintroduire le lait ?
Bonne nouvelle pour tous les parents d'enfants allergiques au lait : c'est l'un
des troubles qui disparaît en général dès la première année de vie. Il a
pratiquement disparu chez tous les enfants avant l'age de 5 ou 6 ans. Les
parents peuvent donc commencer à envisager de réintroduire le lait vers 9 mois
ou un an. Première étape : la surveillance du taux d'IgE. Cela permet de
s'assurer que les risques de réaction allergique sont faibles. Sauf bien sûr
s'il s'agit d'une forme non IgE dépendante, liée à une allergie retardée. Dans
ce cas, la réintroduction se fera un peu à l'aveugle (le patch-test ne permet
pas de juger de la disparition de l'allergie), mais sous surveillance médicale :
le médecin ou l'infirmière met du lait sur la peau, si rien ne se passe, elle en
met sur l'intérieur de la lèvre, et si rien ne se passe, on fait goûter un
produit laitier. Si la réintroduction ne se passe pas bien, on peut réessayer
trois mois plus tard. Si ça ne va pas, on passe à un délai de six mois, et si le
résultat est toujours négatif, on réessaie tous les ans. A noter, parfois on a
des réactions retardées : la réintroduction se passe bien, puis au bout d'une à
deux semaines, des diarrhées ou autres manifestations apparaissent. Dans ce cas,
il faudra réessayer plus tard. De même, certains enfants vont pouvoir manger un
yaourt par jour, mais pas plus ! Dans ce cas, il faut leur laisser ce produit
laitier, jusqu'à ce qu'ils puissent en manger plus.
*source: http://www.doctissimo.fr, écrit par : Alain Sousa