Il y a eu à l’époque de l’Imam al-Hadi (Psl) certains qui ont prétendu que
l’Imam est le Seigneur et le Prophète et que la prière qui interdit le péché et
la faute est la connaissance de l’Imam. Les tenants de cette tendance ont
profité de l’amour que les gens vouaient aux Gens de la Maison (P) et se sont
présentés comme faisant partie de ceux qui les aiment.
Et comme ils diffusaient ces idées, l’un de Ses compagnons a écrit à l’Imam
al-Hadi (Psl) ce qui suit : « Que je sois sacrifié pour
toi, ô mon maître : ‘Alî Ibn Hasaka qui est un extrémiste prétend qu’il est l’un
de tes partisans, que tu es le Premier et l’Ancien, qu’il est ta porte et ton
prophète et que tu lui aurais ordonné de diffuser ces idées. Il prétend aussi
que la prière, la Zakat, le pèlerinage et le jeûne ne sont rien d’autre que le
fait de te reconnaître et reconnaître ceux qui ressemblent à Ibn Hasaka et ses
prétentions concernant le fait d’être ta porte et ton prophète. Celui qui
reconnaît ces propositions est un croyant parfait qui n’a plus à s’acquitter de
la prière, de la zakât et du jeûne. Beaucoup de gens ont suivi Ibn Hasaka.
Veuille donc écrire à tes partisans afin de les mettre à l’abri de la perte
».
L’Imam al-Hadi (Psl) a donné la réponse suivante : « Ibn
Hasaka est un menteur. Que Dieu le maudisse. Il suffit de savoir que je ne le
connais pas parmi mes partisans. Que dit-il ? Que Dieu le maudisse ! Par Dieu,
Dieu n’a envoyé Muhammad et les Prophètes qui l’ont précédé qu’en les chargeant
de la religion droite, de la prière, de la Zakat, du Pèlerinage et de la
reconnaissance de l’Autorité. Muhammad n’a appelé les gens à autre chose en
dehors de Dieu seul qui n’a pas d’associé. Nous, les Légataires du Prophète
parmi ses descendants, nous sommes des serviteurs de Dieu. Nous ne Lui associons
rien. Si nous Lui obéissons, Il sera Clément avec nous ; si nous lui
désobéissons, Il nous torturera. Nous n’avons aucun pouvoir sur Dieu. C’est Lui
qui a pouvoir sur nous et sur toutes Ses créatures. Je désavoue auprès de Dieu
ces allégations et je désavoue ceux qui les proclament. Eloignez-vous d’eux, que
Dieu les maudisse et assiégez-les par tous les moyens ».
Cette lettre confirme la règle fondée sur la foi dans la ligne des Gens de la
Maison (Psl). Elle désapprouve l’extrémisme qui les élevait à un niveau proche
de celui de la divinité, directement, en prétendant que Dieu s’incarne en eux,
ou indirectement, en lui attribuant certains attributs divins. Attributs qui
font qu’on les adore, qu’on les considère comme ayant le pouvoir de donner aux
hommes leurs subsistances, ou le pouvoir de donner la vie ou la mort… Avec ces
prétentions, ceux qui les prônaient s’accaparaient ainsi des statuts de
prophètes envoyés par eux, ou de portes d’accès à eux.
L’Imam al-Hadi (Psl) a condamné ces prétentions sans rémission en affirmant le
culte exclusif de Dieu et que les Imams sont chargés par Dieu d’obéir à Ses
ordres, car la désobéissance implique le châtiment. Les Imams sont responsables
devant Dieu comme toutes Ses autres créatures en tant que serviteurs de Dieu.
Puis l’Imam (Psl) a renié
ces extrémistes en reniant leurs idées mécréantes et déviantes. Il a aussi rompu
tout lien avec eux. C’est ce que nous devons faire de notre côté face aux
déviances qui prônent l’extrémisme ou les idées proches de l’extrémisme qui
attribuent aux Imams des statuts proches de celui de la divinité, des statuts
avec lesquels ils joueraient le rôle de Dieu dans les domaines de la création et
de l’octroi des subsistances, de la vie et de la mort, sauf avec Son
autorisation.
L’Imam al-Hadi (Psl) a mené une activité très intense dans l’affirmation des
concepts islamiques et dans l’enseignement des qualifications légales, ainsi que
dans la fondation, dans plusieurs régions, d’une large base populaire de
croyants qui croyaient à l’Autorité des Gens de la Maison (Psl).
L’Imam (Psl) dirigeait un appareil dynamique et diversifié de renseignement ici
et là et qui communiquait aux gens, avec le maximum de rigueur et de précision,
les enseignements de l’Imam…
Les lettres qu’il adressait à ses représentants étaient bien ordonnées et
marquées par beaucoup de méthode.
On lit dans l’une de ses
lettres : « Voici une copie de ma lettre que j’envoie avec
Ibn Râshid à la communauté des partisans vivant à Bagdad, à Madâ’in et ailleurs
dans le Sawâd : Louange à Dieu en raison de Ses bienfaits, et que les meilleures
bénédictions et les plus parfaites compassions soient sur Son Prophète et sur
les membres de sa famille. J’ai désigné Abû ‘Alî Ibn Râshid à la place de
al-Hussein Ibn ‘Abd Rabbu et de mes autres représentants qui travaillaient sous
son contrôle. Il a maintenant la même fonction qu’il remplissait et il est
chargé de percevoir les fonds qui me reviennent. Je l’accepte donc pour vous, je
le privilégie et il en est digne. Payez-lui donc, que Dieu soit compatissant
avec vous, le fonds qui me reviennent de votre part. Ne soyez pas fautifs en le
refusant. Vous devez vous hâter de le faire par obéissance à Dieu et pour
assurer le caractère licite de vos biens ainsi que votre salut. Coopérez dans la
charité et la crainte révérencielle et non pas dans le péché et l’agression.
Craignez Dieu pour obtenir Sa Miséricorde et ne mourrez pas qu’en étant
musulmans. En Obéissant à Dieu, vous avez l’obligation de m’obéir et en
désobéissant à Dieu vous désobéissez à moi. Suivez donc le droit chemin et, en
réponse, Dieu vous rétribuera et vous comblera de Ses bienfaits. Dieu est celui
de la largesse et de la générosité. Il est charitable envers Ses serviteurs et
Il est miséricordieux. Que Dieu nous gardes et vous garde. J’ai écrit cette
lettre de ma propre main. Toutes les louanges appartiennent à Dieu ».
L’examen rigoureux de
cette lettre montre que l’Imam al-Hadi (Psl) avait à sa disposition un appareil
organisé de représentants. Il les contrôlait et les remplaçait de temps à autre
pour diverses raisons.
Il y avait des responsabilités quant à la perception des fonds du cinquième dont
il avait besoin, en tant qu’Imam, pour les dépenses de la communauté. Il
recommandait ses compagnons de ne pas s’écarter de lui et de coopérer avec lui
dans la charité et la crainte révérencielle et non pas dans le péché et
l’agression.
Cela nous renseigne sur son application à superviser le travail de ses
représentants même s’il est satisfait de leur travail, et ce afin de toujours
s’assurer de leur droiture sur la ligne de l’obéissance à Dieu et de garantir la
discipline sur la base de l’action droite.
Cette méthode de gérer les relations de l’Imam (Psl) avec ses partisans par
l’intermédiaire des représentants légaux donne à penser qu’elle est le fondement
de l’ordre des représentants des Références religieuses, ordre visant à assurer
la liaison entre ces Références et la base en ce qui concerne les questions des
fonds légaux et des engagements religieux lorsque le pouvoir officiel fait
défaut.
La réussite de cet appareil a permis à l’Imam (Psl) de conquérir une large
popularité parmi les Musulmans qui croyaient à son Imamat et les Musulmans qui
n’y croyaient pas, au point que ses contemporains parmi les califes abbassides
le craignaient pour leur pouvoir, du fait de l’amour que le peuple vouait aux
Gens de la Maison (P), la confiance qu’il avait en eux et le sentiment qu’il
avait de leur sainteté et pureté.
En lisant la biographie de l’Imam al-Hadi (Psl), nous constatons que les
habitants des deux lieux saints, la Mecque et Médine, lui vouaient beaucoup de
respect. Exceptionnels, ce respect et cette vénération étaient sans doute dus
aux compétences de l’Imam (Psl) dans le domaine de la direction intellectuelle,
spirituelle et pratique qui pénétrait dans toutes les raisons et tous les cœurs.
Il en est ainsi car il n’est pas naturel qu’un homme soit si vénéré et respecté
sans qu’il ait une grande influence sur les raisons des gens, sur leurs cœurs et
sur leurs vies. Il est à noter que les habitants des deux lieux saints n’étaient
pas d’un seul avis pour ce qui est de l’appartenance à telle ou telle école. Ils
avaient plutôt leurs divergences sur ce plan et on sait que les habitants de la
Mecque et de Médine n’étaient pas à l’époque des Imamites et des partisans des
Gens de la Maison (Psl). Ils avaient leurs divergences mais ils s’accordaient à
respecter la personne de l’Imam al-Hadi (Psl).
Qu’est ce qui explique ce genre de popularité dont jouissait l’Imam al-Hadi
(Psl) ? Il y a d’abord la lettre envoyée par l’un des responsables de Médine au
calife abbasside al-Mutawakkil. Il y a ensuite les réactions populaires
lorsqu’on a voulu déporter l’Imam de Médine à Bagdad ou à Samurrâ’.
Voici ce que l’historien
al-Mas’ûdî note dans son livre « Murûj adh-dhahab » (les prairies d’or) :
« Burayha, l’Imam de la prière dans les deux lieux saints,
à écrit à al-Mutawakkil que s’il tenait à maintenir les deux lieux saints sous
son autorité, il devait en éloigner ‘Alî Ibn Muhammad al-Hadi, car il a appelé
les gens à le suivre et beaucoup de monde l’ont suivi. Burayha a multiplié
l’envoi de lettres dans ce sens et al-Mutawwakil a fini par envoyer Yahyâ Ibn
Harthama à l’Imam al-Hadi avec une lettre où il a dit qu’il lui manquait et lui
demandait de venir le voir. Il a ordonné Yahyâ de lui réserver un bon traitement
et lui a écrit une lettre dans ce sens ».
Cela nous renseigne que Burayha était un abbasside, de la famille des califes,
et qu’il a écrit à al-Mutawakkil que les deux lieux saints étaient sur le point
de reconnaître l’autorité de l’Imam al-Hadi (Psl).
Nous savons aussi que l’Imam al-Hadi (Psl) n’appelait pas le peuple à se révolter contre le califat abbasside car les conditions objectives ne le permettaient pas. Mais Burayha avait remarqué que les gens se rassemblaient autour de l’Imam (Psl) d’une manière qui laisse soupçonner qu’ils le considéraient comme ayant la capacité de gérer leurs affaires. D’où, il a écrit cette lettre pour avertir le pouvoir central du danger qu’il pensait imminent, et il a multiplié l’envoi de lettres dans ce sens à al-Mutawakkil au sujet de l’Imam al-Hadi (Psl).
*source:www.rawafidh.com