L'Imam al-Askari (Psl) était le
dernier des Imams d'Ahlul Bayt à avoir un rôle scientifique public. Et nous
allons voir dans le numéro suivant de cette série que son héritier, que Dieu
facilite sa réapparition, a une présence scientifique plutôt privée et
indirecte.
A l'époque de l'Imam al-Askari (Psl),
l'essor de l'enseignement scientifique religieux et son évolution étaient à leur
apogée à la Médine, à la Koufa, à Baghdâd et plus particulièrement à la ville de
Qomm qui devint, depuis la mort de la sœur de l'Imam Ridha
(Psl) et son enterrement dedans, un
grand centre scientifique et un rassemblement essentiel des adeptes de Ahlul
Bayt (P).
On rapporte que les élèves de l'Imam al-Askari qui avaient plus ou moins pu
bénéficier de ses bénédictions scientifiques atteignirent le nombre de 18 mille
!
Les témoignages sur la science et la sagesse de l'Imam al-Askari sont très
nombreux et l'on peut se suffire à celui de l'un des proches de la dynastie
abbasside.
Mohammed Ibn Massoud al-Chirazi qui était l'un des hommes du calife al-Moa'tazz
écrivit : "Le rôle scientifique de l'Imam al-Askari
(Psl) est tellement grand que le grand philosophe
al-Kendi, professeur de Farabi, fut contraint de brûler l'un de ses livres après
avoir été critiqué par l'Imam qui y avait décelé les incohérences fatales !"
Contre le charlatanisme
La ville de Samarra fut frappée par une grande sécheresse, alors que l'Imam
al-Askari (Psl) était en prison.
Conformément à la coutume islamique, les musulmans sortirent hors de la ville et
invoquèrent Dieu pour obtenir la pluie, mais en vain.
Les chrétiens de la région se rassemblèrent et sortirent avec leur grand
archevêque pour l'invocation de la pluie, et devant l'étonnement de tous les
musulmans, la pluie commença à tomber !
Plusieurs musulmans se demandèrent alors s'ils étaient bien les détenteurs de la
vérité ! Et certains d'entre eux furent tentés de se convertir au Christianisme
!
Craignant une déstabilisation imprévisible de son pouvoir, le calife envoya
rapidement un émissaire à l'Imam al-Askari.
L'envoyé du calife arriva à l'Imam dans sa prison et s'écria : "Au secours ! La
communauté de ton grand-père risque de périr !"
L'Imam al-Askari (Psl) sortit
alors pour voir de plus près la cause de ce danger. Et arrivant à l'extérieur de
la ville, il vit la masse des chrétiens accompagnant leur prêtre et s'apprêtant
à refaire la prière pour solliciter la pluie.
L'Imam observa la scène attentivement et lorsque les chrétiens commencèrent leur
prière, il remarqua que l'un des évêques avait levé sa main droite vers le ciel
; il ordonna alors à l'un des serviteurs d'accourir vers ce prêtre et enlever ce
qu'il tenait dans sa main droite.
L'ordre fut exécuté et l'on retrouva alors un os noirci enfoui entre les doigts
du prêtre ! L'Imam le prit et s'adressa aux chrétiens leur demandant de prier
pour la pluie ! Cette fois, la prière des prêtres ne fut pas concluante bien que
le ciel était nuageux ! Et devant l'étonnement général, les nuages se
dispersèrent et le soleil apparut pour dissiper tous les doutes qui avaient
commencé à perturber les milliers de musulmans naïfs. Le calife, curieux,
demanda à l'Imam quel était le secret de la scène ?
Il répondit : "Ce prêtre avait passé par la tombe d'un prophète et put se
procurer d'un os de son squelette sacré !
. ..Est-il que chaque fois qu'un os d'un prophète est mis à découvert, il pleut
immédiatement !"
C'était là un exemple reflétant le rôle salutaire que l'Imam al-Askari (Psl)
exécutait. Et c'est aussi un témoignage vivant de l'impuissance des musulmans
éloignés de la ligne d'Ahlul Bayt (pse) devant les prétentions des charlatans de
toutes les religions.
Est-il que Dieu sait bien où Il place son message et que sans Ahlul Bayt (pse)
le message divin aurait été falsifié et les musulmans s'en seraient déviés
autant que les adeptes des autres religions célestes !
Une leçon de réforme
L'Imam al-Askari était un continuateur de la ligne de son grand-père le prophète
(paix sur lui et ses proches) qui appelait les gens vers la voie du salut par la
bonne parole et le comportement exemplaire.
Il tenait à faire apprendre cette méthode de réforme à tous ses fidèles pour
qu'ils puissent réunir à la fois la parole constructive et la méthode
concluante.
L'histoire du repentir d'un Âlaoui descendant de l'Imam Es Sâdeq (Psl)
s'appelant Aboul Hassan nous suffit comme exemple de la méthode que l'Imam
al-Askari (Psl) adoptait.
En effet, ce cousin lointain de l'Imam habitait à la ville sainte de Qomm mais
malheureusement, il n'était pas à la mesure de son appartenance familiale et il
était connu pour être un pêcheur buveur de grison.
Ahmed Ibn Ishè'q, représentant légitime de l'Imam al-Askari (Psl) à la ville de
Qomm était un homme pieux qui gardait ses distances avec tous les gens de
mauvaise réputation. Et un jour, il refusa de recevoir Aboul Hassan à cause de
sa conduite, et cet Âlaoui en fut fortement touché.
Les jours passèrent et Ibn Ishè'q alla faire le pèlerinage et voulut passer chez
l'Imam pour le saluer et bénéficier de sa bénédiction. Mais, à sa grande
surprise, l'Imam refusa de le recevoir ! Il insista devant la porte de l'Imam
quelques jours disant qu'il préférait plutôt mourir que d'être banni par l'Imam
!
Enfin, l'Imam lui donna l'autorisation d'entrer et lui reprocha son comportement
avec Aboul Hassan en lui rappelant que l'appel vers Dieu n'a jamais signifié la
confrontation avec les autres et la destruction de leur personnalité.
Ibn Ishè'q comprit la leçon et dès son retour à Qomm, il décida de réparer le
dommage qu'il avait causé à Aboul Hassan. Et à la première occasion, lorsque
Aboul Hassan lui rendit visite, il l'accueillit chaleureusement et l'assoit à
son côté !
Aboul Hassan fut étonné de ce revirement total d'attitude, et demanda à Ibn
Ishè'q la cause de ce changement.
Le représentant de l'Imam al-Askari (Psl) relata son histoire avec l'argument de
Dieu sur terre. L'Âlaoui en fut fortement touché et décida de se repentir
définitivement, et dès son arrivée à sa maison, il cassa tous les ustensiles et
les récipients de vin et s'adonna, depuis ce jour là, à l'adoration de Dieu.
Avec le philosophe d'Iraq
Ishè'q al-Kendi est considéré comme le philosophe des arabes. Et pour comprendre
son rang scientifique, il suffit de se rappeler qu'il est le professeur
d'Elfarabi.
Puisant ses connaissances hors de l'école d'Ahlul Bayt, ce philosophe arriva à
une impasse lors de sa lecture du saint Coran.
Après de longues contemplations, il tomba dans l'illusion de trouver des
contradictions dans le saint livre et commença à rédiger un ouvrage sur ce
sujet.
L'un des élèves d'al-Kendi vint raconter l'affaire à l'Imam al-Askari (Psl) qui
lui demanda : "N'y a-t-il donc pas parmi vous un homme mûr qui puisse dissuader
votre professeur de s'occuper du Coran !?"
L'élève du philosophe répondit à l'Imam qu'il n'avait pas la force de répondre à
son professeur, l'Imam lui dit alors : " Dis-lui que tu as une question à lui
poser : "si votre interlocuteur vous apporte du Coran, alors, est-il possible
qu'il veuille signifier d'autres sens que ceux que vous avez saisis ? Alors, il
vous répondra que c'est possible parce qu'il est un homme qui comprend lorsqu'il
entend, et lorsqu'il aura accepté cette hypothèse dis lui : "Alors, qu'en
savez-vous s'il voulait dire autre chose que ce que vous avez compris et ainsi,
vous vous aurez proposé d'autre sens que les siens !?"
L'élève revint à son professeur et lui posa la question indiquée par l'Imam
(Psl). al-Kendi reconnut que la possibilité de plusieurs compréhensions du texte
coranique était plausible et que toute sa théorie sur les contradictions du
Coran s'était écroulée.
Enfin il abandonna son projet et brûla les feuilles qu'il avait déjà rédigées.
Consolation et bon présage
L'Imam al-Askari (Psl) savait bien dans quelles circonstances vivaient ses
adeptes et fidèles, et qu'ils attendaient tous le jour où ils pourraient
manifester librement leur foi et exercer ouvertement leur activité constructive
de la société saine et juste.
Dans une lettre de consolation et d'exhortation à la patience et à la sobriété
qu'il avait adressée à l'un de ses plus fidèles adeptes Ali Ibn El Hussein Ibn
Bèbèoueh El Qommi, on peut notamment lire : "Tiens bon et attends le salut !
Est-il que le prophète (pslp) avait dit : "La meilleure des œuvres de ma
communauté c'est l'attente du salut ! Nos fidèles resteront toujours dans la
tristesse jusqu'au moment où mon fils apparaîtra tel que l'avait déjà prévu le
prophète (pslp) et remplira alors la terre de justice comme elle a été remplie
de prévarication et d'injustice."
"Alors, ô cheikh, ô Aboul Hassan, patientes-y, est-il que la terre est pour Dieu
et Il la lègue pour celui qu'Il choisit parmi Ses sujets ! Et c'est bien aux
pieux que revient le dernier mot ! Et paix sur toi et sur tous nos adeptes et
que la miséricorde de Dieu et sa bénédiction vous recouvrent et que la prière de
Dieu recouvre Mohammed et sa progéniture !"