Hajj Imad Moghnieh demeure toujours un mystère. Son identité énigmatique et sa
personnalité n'ont été révélées que suite à son assassinat. On en parle
beaucoup. Une résurgence de mots curieux mais beaux... Son long itinéraire de
jihad montre qu'il était un des rares leaders militaires dont la vie a été
caractérisée par une ligne ascendante, même au niveau des facultés
intellectuelles.
Ceux qui ont connu hajj Imad durant des années, évoquent des goûts artistiques
qui s'étaient développés avec cet homme tout au long de sa vie... Dans sa
jeunesse, hajj Imad assistait aux pièces de théâtre ayant pout thème la
situation libanaise en pleine crise. Lorsqu'il a entamé sa lutte (avant
d'assumer une importante responsabilité au sein du Hezbollah), il a rencontré
Ziad Rahbani, dont le théâtre satirique faisait rage.
Dans le même contexte, Imad Moghnieh a été connu par son penchant aux odes
révolutionnaires conçues par le compositeur Marcel Khalifeh. Ces élégies qui
illustraient alors les causes de la Nation arabe.
La musique engagée a intéressé le leader martyr. Il ne l'écoutait pas seulement,
mais a contribué aussi à plusieurs chants dont, le cantique dédié aux «martyrs
de septembre».
Hajj Imad était de même attaché à la musique iranienne. Il l'écoutait tout au
long de ses périples en Syrie. Ceux qui connaissent les détails de son dernier
voyage à Damas, affirment qu'une étrange coïncidence a eu alors lieu. À bord de
sa voiture, il écoutait une chanson iranienne traditionnelle récitée par Mohammd
Asfahani. Traduits en arabe, les versets de ce poème décrivaient l'état
psychologique de cet illustre résistant avant son martyre. Comme si c'était un
adieu.
Rien n'a limité la passion de cet homme. Il avait toujours accompagné le
tournage des vidéo-clips dédiés à la Résistance. L'ode «Nasrak Hazz el-Dini» (Ta
victoire a secoué le monde) en témoigne. En effet, le martyr est intervenu dans
les détails de la conception et du tournage. Il avait même modifié une séquence
du vidéo-clip, en remplaçant le drapeau du Hezbollah brandi par un jeune
comédien, par le drapeau libanais.
Un des "moudjahidines" raconte que Hajj Imad a insisté à teindre un certain nombre
de plates-formes des roquettes Katioucha filmées, puisque selon lui, toute image
illustre la nature et la personnalité de la personne concernée. Sur ce, il a
donné à ses «frères» un délai de 24h au maximum, pour finaliser la peinture des
véhicules militaires, avant de décider la reprise du tournage.
Dans le passé, hajj Imad avait œuvré à plusieurs reprises pour reproduire les
anciens chants palestiniens afin de les diffuser sur la chaîne télévisée
Al-Manar.
Toujours soucieux de participer à toute activité artistique soutenant la
résistance, le leader martyr assistait d'un moment à l'autre aux pièces
théâtrales politiques axées sur les causes nationales... On raconte qu'il avait
un jour assisté à une représentation théâtrale intitulée «Wareth », organisée
par l'unité des activités médiatiques du Hezbollah et conçue par le metteur en
scène Hidaya Sanan. Hajj Imad a alors tenu à féliciter le metteur en scène et à
lui faire part de ses commentaires.
Quant aux programmes télévisés, on rapporte que hajj Imad suivait toujours les
séries comiques, à l'instar de celles teintées d'ironie, du comédien syrien
Yasser El-Azmeh. L'art syrien avait attiré l'attention du leader martyr. Dans ce
contexte s'inscrit sa rencontre avec le grand comédien syrien Doureid Lahham,
suite à la guerre de juillet 2006. Il avait alors évoqué les propos de cet
artiste, selon lesquels le Liban occupera un jour le sud d'«Israël».
L'acteur syrien Khaled Taja a vécu sa propre expérience avec hajj Imad Mognieh.
Il a fait la connaissance de ce dernier suite à son martyre, le 12 février 2008.
Lorsqu'il a appris ses exploits militaires et son rôle dans les victoires de la
résistance en 2000 et 2006, il lui a écrit un poème intitulé «Après ta
disparition ils nous ont dit qui tu es». M. Taja a demandé au secrétaire général
du Hezbollah, sayed Hassan Nasrallah, d'obtenir quelques souvenirs du martyr.
Sayed Nasrallah lui a envoyé le Coran et le cache-col noir du martyr.
Tout au long de sa vie et après son martyr, hajj Radwan est demeuré un beau
secret qui suscite la curiosité du public. On glane ici et là des informations
sur son tempérament, ses centres d'intérêt et ses tendances. Imad Mognieh, ce
leader dissemblable du stéréotype des responsables militaires arabes, est devenu
l'icône de la résistance prodigieuse par ses réalisations et son mysticisme.
Source : Al-Ahednews