Extraits du commentaire de la première sourate du Coran fait par l’Imam Khomeyni
à la télévision
« Tous les malheurs qui s’abattent sur l’homme viennent de l’amour de soi, du
fait que l’homme s’aime lui-même. Pourtant, s’il se rendait compte et prenait
conscience de ce qu’il en est en réalité, son propre “ego” n’est rien : cela
fait partie de ce qui est “autre” [que la Réalité divine, qui est la véritable
réalité de l’homme,] et c’est de l’amour pour ce qui est “autre”, seulement on
l’a nommé par erreur “amour de soi” et cette erreur et méprise détruit l’homme.
[...] « Le principe de toute faute » [1]
est cet amour du prestige et de soi d’où proviennent toutes les fautes.
L’homme, comme il se voit lui et qu’il est égoïste, veut tout pour lui-même et
devient l’ennemi de toute personne qui s’oppose à cela, même si ce n’est que
dans son illusion : il ne reconnaît donc pas de limites, il veut tout pour
lui-même. C’est de la sorte que c’est le principe de tous les problèmes. »
(p.19)
« Le plus juré de tous tes ennemis est ton ego qui se trouve entre tes flancs
» [...]. Il est pire que tous les ennemis, plus grand que toutes les idoles :
c’est la mère des idoles, « La mère des idoles est celle de votre ego » (Rûmî).
De toutes les idoles, c’est celle-ci que l’homme sert le plus, à laquelle il
porte le plus d’attention, et tant qu’il n’a pas détruit cette idole, il ne peut
devenir “divin”.
Il ne peut y avoir en même tant l’idole et Dieu, il ne peut y avoir en même
temps égoïsme et divinité. Tant que nous ne nous sommes pas défaits de cette
demeure, de ce temple d’idoles, de cette idole, que nous ne nous sommes pas
détournés de cette idole et tournés vers Dieu, (Swt), que nous ne sommes pas
sortis de cette maison, nous sommes en réalité un idolâtre, même si en apparence
nous adorons Dieu. En parole nous disons “Dieu” et ce qui est dans notre cœur
c’est nous-mêmes. Nous voulons Dieu aussi pour nous-mêmes ! Même si nous voulons
Dieu, c’est pour nous-mêmes ! En parole, nous nous tenons debout et récitons la
Prière rituelle, nous disons : « c’est Toi que nous
servons et c’est de Toi que nous implorons l’aide » (Cor. 1.5), mais
en réalité notre service est service de l’ego, du moment que l’attention est
pour soi-même, que partout il y a moi-même, que je veux tout pour moi-même… »
(p.30)
« Maintenant, qui peut sortir de cela ? Un sanctuaire et un temple d’idoles qui
est en l’homme lui-même ! Et quand pourra-t-il en sortir ? Il faut pour cela une
main de l’au-delà qui vienne prendre celle de l’homme et le fasse sortir : aussi
les Prophètes sont-ils venus pour cela. Tous les Prophètes qui ont été chargés
de mission et tous les Livres qui ont été révélés, l’ont été pour emmener
l’homme hors de ce temple d’idoles, pour qu’ils brisent cette idole et
deviennent adorateurs de Dieu. Tous les Prophètes sont venus pour faire de
l’homme un homme divin après qu’il fût un homme satanique. [...] Les envies de
l’ego sont une des manifestations de Satan et, en nous, le gouvernement est
celui de Satan. [...] Tant que ce grand Satan qu’est l’âme qui incite [au mal] (Coran
12.53) nous gouverne, toute action que nous faisons est faite par égoïsme ;
l’ayant faite par égoïsme, nous sommes acolytes de Satan. Actuellement, nous
sommes sous l’emprise de Satan et quand, par l’enseignement des Prophètes et des
Proches Amis, nous émigrerons de ce domicile et nous détournerons de cet égoïsme,
nous sortirons de ce gouffre. » (p.32)
« C’est cet ici-bas qui a été renié [dans leur enseignement], tandis que l’ici-bas
de la nature, l’ici-bas du monde extérieur ne l’a pas été. L’ici-bas c’est cela
même qui est en vous : vous-mêmes, lorsque vous portez votre attention à
vous-mêmes, vous êtes l’ici-bas. L’ici-bas de chacun c’est ce qui est en lui et
c’est cela qui a été renié, mais le soleil, la lune, la nature n’ont en rien été
reniés : il en a été fait l’éloge, ce sont des lieux d’apparition de Dieu. Ce
qui éloigne l’homme du Lieu de Sainteté et de Perfection c’est cet ici-bas et il
se trouve en l’homme lui-même : c’est l’attention portée à l’égo. (p.37)
« Il faut que les attachements diminuent et tout
naturellement nous partirons d’ici. [...] Ce qui met l’homme en difficulté est
cet attachement qu’il a, et le principe de cela c’est cet amour de soi. [...]
Tout cela, c’est l’ici-bas, attachements à l’ici-bas, des voiles « les uns par-dessus
les autres » (Cor. 24.40). Ne nous asseyons pas en disant : “ceux qui
ont telle ou telle chose sont ainsi ou de telle sorte” ; regardez-vous
vous-mêmes, dans vos propres limites, comment êtes-vous ? Quelle est la
puissance de votre attachement à ce que vous avez ? C’est du fait de cet
attachement que vous le critiquez : sans cet amour de soi et cet égoïsme,
l’homme ne dénigrerait pas les défauts des autres. Ces dénigrements que nous
faisons les uns envers les autres sont tous parce que nous sommes à nos yeux
très bons et justes et qu’en raison de cet amour de soi que nous avons, nous
nous considérons nous-mêmes comme un homme parfait et tous les autres comme
défectueux, et nous critiquons leurs défauts. Dans une poésie, que je ne veux
pas citer, un monsieur a fait des reproches à une “comme vous savez” et elle lui
dit : “moi je suis tout ce que tu dis, mais toi, es-tu tel que tu parais ?” »
(p.50-51)
« Tous les actes de culte sont un moyen, toutes les prières sont un moyen, tout
cela est un moyen pour que se révèle en l’homme le meilleur de lui-même, pour
que ce qui est en puissance et qui est l’essentiel en l’homme s’actualise et
qu’il devienne humain, pour que l’homme en puissance devienne un homme en acte,
pour que l’homme naturel devienne un homme divin, de sorte que tout en lui
devienne divin et qu’en tout ce qu’il voit, il voie la Réalité divine. Les
Prophètes aussi sont venus pour cela, eux aussi sont des moyens. Les Prophètes
ne sont pas venus pour constituer un gouvernement : que voudraient-ils bien en
faire ? [...] Ils instaurent aussi un gouvernement, qui est gouvernement juste,
mais là n’est pas l’objectif : tout cela, ce sont des moyens pour que l’homme
arrive à un autre niveau, et c’est pour cela que les Prophètes sont venus. »
(p.74-75)
[1] Uçûl al-Kâfî, (II/315) et 8 (II/317).