Les Attributs De Allah Et La Création Des Cieux, De La Terre, Des Anges Et De L’Homme
Louange à Allah, dont la création révèle l’existence ! La contingence de la création manifeste son éternité, la ressemblance des créatures prouve qu’Il n’a pas de semblable.
Les sens ne sauraient le percevoir ni les voiles le cacher, vu la disparité entre l’Auteur et l’objet, le Limitateur et le limité, le Seigneur et le serviteur.
Unique sans conception numérale, Créateur, mais hors de toute notion de mouvement et de fatigue, Il entend sans organe, voit sans appareil visuel, témoigne sans contact. Il est éloigné, sans relâchement de distance, Apparent sans visibilité, l’Intrinsèque sans délimitation.
Il se distingue des objets en les subjuguant et en les dominant ; les » créatures » se distinguent de Lui par leur soumission et leur dépendance.
Toute description de Allah le limite; toute limitation le dénombre, et tout dénombrement abolit son éternité.
Dire « Comment est-il? », c’est essayer de le décrire ; se demander « Où réside-t-il », c’est le circonscrire.
Il connaît sans être connu. Il est tout puissant et invulnérable
Grâce soit rendue à Allah, que nulle expression ne saurait glorifier, en dénombrer les bienfaits ou lui rendre l’hommage requis, ni les regards les plus profonds l’atteindre, ni les intelligences sonder son essence.
Son être n’a point de bornes, ni de qualificatif, ni de terme ou de fin déterminés.
Son Omnipotence a modelé les créatures. Sa miséricorde a répandu les vents; Il a consolidé la terre avec des rocs fermes.
Le commencement de la foi est connaissance de Allah, son couronnement est d’y croire, sa perfection est de proclamer son unicité: se dévouer à lui, c’est achever la foi en son unicité et rejeter toute multiplicité dans sa nature.
Toute multiplicité se dédouble, tout dédoublement est ignorance de la nature divine; toute ignorance est une désignation qui implique une limitation; qui dit limitation dit dénombrement.
Toute interrogation Lui fixant un lieu ou une forme est une négation de Allah.
Etre incréé, existant éternellement avec tout sans comparaison et hors de tout sans différence, Il sans notion de mouvement ni d’instrument, sans être vu de Ses créatures. Seul, Il ne s’attache à aucun lieu ni n’en regrette la perte.
Il a tiré l’univers du néant, l’a forgé de rien, sans effort intellectuel, ni expérience acquise, ni mouvement acté, ni hésitation ou préméditation.
Il fixa le terme des choses, en harmonisa les divergences, percevant leurs limites, leurs fins, leurs semblables et leurs aspects.
Puis Il dégagea les espaces, les distances, les voies et les cours cosmiques, et Il fit couler des eaux aux vagues houleuses et hautes; Il les fit charger sur les ailes des vents furieux et de la tempête déchaînée.
Puis Il ordonna aux vents de renvoyer les eaux, de les brider et de les dompter. L’air s’y livra passage et les eaux s’y déversèrent.
Il créa ensuite un vent stérile en permanence, violent, d’origine lointaine qu’il chargea de faire mouvoir l’eau haute, de soulever les vagues des mers. Ces vents agitèrent fortement les eaux, les dispersèrent dans l’espace et les remuèrent avec fougue.
Puis de ces vagues démontées et écumantes, élevées dans l’air libre et le Cosmos ouvert, il façonna sept cieux dont le plus bas est formé des vapeurs condensées des vagues et le plus haut d’un toit inaccessible et d’une voûte sublime qui flottent sans support ni jointures.
Il orna alors les galaxies d’astres et d’étoiles brillantes. Dans un firmament constellé et mouvant, Allah fit graviter un soleil éclatant et une lune scintillante.
Puis Allah dégagea les hauts cieux qu’il peupla d’anges de toutes catégories; les uns se prosternant sans s’agenouiller, d’autres s’agenouillant sans se dresser, d’autres en rangs impacts ou rendant hommage à Allah sans se lasser; ils ne sont pas assujettis au sommeil, à la distraction des esprits, à la lassitude des corps ou à l’inadvertance de l’oubli.
Les uns sont dépositaires et confidents de ses révélations, porte-parole auprès de ses messagers, exécutants de ses décrets et ordres; d’autres sont protecteurs de ses adorateurs, ou gardiens des portes des paradis.
Quelques-uns ont les pieds fixés loin dans les profondeurs des terres tandis que leur tête traverse le firmament supérieur; leurs corps émergent hors de tout espace; leurs épaules s’adaptent aux piliers du Trône.
N’osant fixer le regard sur le Trône, ils ont les ailes pliées autour, les voiles de la gloire et les rideaux de la puissance dressés entre eux et leurs inférieurs.
Ils ne conçoivent guère Allah sous une forme visible, ne lui appliquent aucunement les attributs contingents, ne les délimitent nullement et ne lui reconnaissent pas de pair.
La Création de Adam
Allah rassembla du limon de tout ce qu’il y avait sur la terre d’élévations escarpées, de plaines, de doux et de salé, le trempa dans l’eau, le pétrit jusqu’à lui donner la viscosité de l’argile, puis en fit une forme avec côtes, jointures, organes et fragments divers.
Il la solidifia, la durcit, lui fixa un laps de temps déterminé et un destin arrêté en lui insufflant de son esprit. Cet ensemble devint un homme doué d’entendement, de réflexion, d’organes sensoriels réceptacle de connaissance, susceptible de distinguer le vrai du faux, de percevoir les saveurs, les goûts les couleurs, et les divers genres de choses; créature de similitudes harmonieuses, de contrastes discordants, d’alliages diversifiés; mêlant le chaud au froid, le dynamisme à l’immobilité.
Allah présenta aux anges son œuvre et leur enjoignit de se prosterner devant elle et de l’honorer,
« Prosternez-vous devant Adam », leur ordonna-t-il; ils se prosternèrent tous hormis l’orgueilleux Iblis (Satan). Créé de feu, il méprisait l’homme, créé d’argile. Il demanda à Allah un délai afin d’avoir le temps de tenter l’homme, de préparer et d’accomplir son œuvre néfaste et catastrophique.
Allah dit : « Ce délai t’est accordé jusqu’au Jour de l’instant connu de nous ».
Le Seigneur installa Adam dans une demeure paisible et prospère. Il le mit en garde contre son ennemi Iblis.
Tenté par le Démon qui ne lui pardonnait pas de vivre au Paradis en compagnie des anges, Adam faiblit et succomba aux tentations, troquant la joie contre l’angoisse, la certitude contre le doute et la quiétude contre le remords.
Néanmoins, Allah par sa grâce sublime agréa son repentir, lui promit de le réintégrer dans son paradis, et l’établit dans cette vallée d’épreuves pour la peupler de sa progéniture.
Le Seigneur – qu’il soit exalté – élit parmi les fils d’Adam des prophètes loyaux et fidèles qu’il chargea de la mission apostolique de porter la révélation et de l’annoncer.
Quand la majorité des hommes trahirent leur engagement envers Allah, dénièrent son droit transcendant, lui associant des partenaires, ils furent déviés par les démons de la connaissance de Allah, renoncèrent à l’adorer. Le Seigneur leur envoya successivement ses messagers et ses prophètes, pour leur rappeler le pacte dont leur conscience était imprégnée et ses faveurs oubliées, leur renouveler le témoignage de la Révélation, les sommer de méditer en leur révélant les secrets les plus impénétrables et les prodiges de l’omnipotence: tels la voûte céleste suspendue au-dessus de leurs têtes, la terre qui leur sert de demeure, les ressources qui leur assurent la vie, les destins qui les exterminent, les maux qui les font vieillir, la succession des événements.
Le Seigneur n’a jamais privé les hommes d’un apôtre messager d’un livre révélé, d’un argument convaincant et d’un droit chemin sans ambiguïté. Le nombre restreint des prophètes et la multitude des détracteurs n’ont eu aucun impact sur le message divin. Le précurseur annonçait celui qui le suivrait et témoignait pour celui qui l’avait précédé.
Ainsi s’écoulèrent les siècles et se succédèrent les générations, passèrent les pères auxquels succédèrent les enfants.
Puis le Seigneur envoya Mohammad (que son nom et celui des siens et compagnons soient bénis). Mohammad accomplit ainsi la promesse faite par les prophètes, ses prédécesseurs. Allah en fit le couronnement des prophètes; il le rendit illustre par sa naissance et ses vertus.
La terre était lors de l’avènement du Prophète partagée en sectes gouvernées par les passions et engagées dans des voies diverses: les unes confondaient le Créateur et les créatures, les autres niaient le Créateur ou adoraient d’autres Allahx.
Grâce au Prophète, Allah tira les hommes de leur égarement, fit dissiper l’ignorance.
Puis pour honorer le Prophète, le récompenser de sa loyauté, le tirer de ce monde éphémère d’épreuves vers le séjour éternel, Allah le rappela auprès de lui.
A l’instar des autres prophètes Mohammad laissa son message aux nations et leur traça un chemin éclairé par la foi et la sagesse.
Le Livre de Allah est parmi vous.
Il distingue le licite de l’illicite, fixe les obligations et les vertus, les jugements fermes tant particuliers que généraux, l’absolu et le relatif, les exemples à suivre, les limites et les extensions, le précis et l’ambigu.
Allah en explique le tout, en dévoile l’obscur, indique clairement ce qui est obligatoire et laisse à la Sunnah d’éclairer ce qui est ambigu et de déterminer ce qu’on peut délaisser, ce qui est de rigueur et ce qui peut être dépasse avec le temps. Il prévoit les interdictions dont la violation entraîne le supplice de la Géhenne et les petites fautes pardonnables aux pécheurs. Il fixe même le minimum toléré et le maximum souhaité dans chaque action.
Allah vous fit obligation de visiter sa Sainte Maison qu’il institua comme point de mire de tous les hommes qui s’y rendent en troupe et s’y réfugient comme des colombes.
Le Seigneur en fit la marque de la soumission des nations devant sa grandeur et de leur inclination devant sa majesté.
Il choisit parmi ses créatures des hommes qui répondent à son appel, croient en sa parole, adoptent les attitudes de ses prophètes, ressemblent aux anges qui entourent son Trône.
Ces hommes s’enrichissent à l’adorer et activent l’échéance de son pardon pour les autres.
Par sa grâce et sa majesté, il fit de cette Maison le symbole de l’adhésion à l’Islam et un refuge pour ceux qui cherchent sa protection. Allah rendit le pèlerinage obligatoire pour toute personne qui en possède les moyens. Le Coran dit à cet effet: incombe aux hommes – à celui qui en possède les moyens – d’aller, pour Allah, en pèlerinage à la Maison. Quant à l’incrédule, qu’il sache que Allah se suffit à lui-même et qu’il n’a pas besoin de l’univers.
Louange à Allah qui connaît le fond caché des choses, et à qui se manifestent les phénomènes apparents, celui qui se refuse à tout regard; l’œil qui ne l’aurait pas vu ne saurait le nier, le cœur qui y croit ne saurait le voir.
Il a dépassé toute hauteur et nul n’atteindrait sa transcendance; il s’est rapproché si près que rien n’est aussi proche que lui.
Sa transcendance ne l’a aucunement éloigné de ses créatures; de même, son approche ne les a point élevées à son rang;
L’esprit ne peut pas cerner tous ses attributs mais Allah n’a pas mis de voile devant l’obligation de le connaître.
Il est celui pour qui toutes les merveilles de la création sont un témoignage de son existence en dépit des négateurs. Il est vraiment au-dessus des dires des polythéistes et des ingrats.
Allah détermina magnifiquement sa créature, l’aménagea délicatement, l’orienta vers sa destinée conformément à sa trajectoire, sans jamais manquer le but qu’il lui assigna. Cette créature ne rencontra aucun obstacle pour autant qu’elle agisse selon la volonté du Créateur.
Comment en serait- il autrement alors que les, ordres émanent de Allah?
Sans aucun effort de réflexion préalable ni spontanéité instinctive, Allah n’a pas profité d’une expérience antérieure et n’a eu recours à l’assistance d’aucun associé pour créer les merveilles des choses.
Tout fut accompli par lui seul, et tout obéit à sa volonté et répond à son mandement.
Il ne connut pas la lenteur de l’être brut, ni la patience du timoré.
Il redressa la distorsion des choses, traça leurs limites, concilia par sa puissance leurs contradictions, maria les âmes aux corps, les répartit en races différentes par leurs destinées, limites, tendances et formes. Il maîtrisa parfaitement ses créatures, leur attribua des dons et des natures et les tira du néant au gré de sa volonté.
Allah agença les hauts cieux sans suspension, souda leurs failles, les noua les uns aux autres, aplanit leurs aspérités pour ses anges qui portent ses messages aux hommes et qui remontent pour lui rapporter les actions de ses créatures.
Il ordonna aux cieux qui étaient alors vapeur de se joindre. Il écarta toutes grandes les issues des cieux, plaça une garde formée par les astres brillants dans leurs interstices, leur évita par sa puissance d’être les jouets des vents, leur ordonna de s’incliner devant ses ordres.
Il fit du soleil une merveille de lumière pour le jour et de la lune (quoique sujette à des disparitions) un signe pendant ta nuit.
Il traça rigoureusement le cours de leur déplacement et de leur parcours afin de différencier, grâce à eux le jour et la nuit et de faire connaître par leurs périples le nombre des années et pour établir des calculs.
Puis il suspendit le ciel dans sa voûte et y accrocha, pour l’embellir, des astres et des étoiles.
Il dirigea ses météores contre les agents de Satan; il les guida dans la voie tracée par sa volonté en déterminant leurs révolutions ou en mettant fin à leur mouvement, en réglant leur ascension ou leur descente et en décidant de leur sort.
Puis Allah créa, en vue de peupler les cieux y compris le ciel le plus haut de son royaume, parmi les merveilleux êtres: les anges.
Il en remplit les cieux et leurs espaces.
Entre les failles célestes et dans ces lieux sacrés, retentissent les voix d’exaltation de même que derrière les voiles de la gloire.
Derrière ces clameurs très intenses resplendissent des couches de lumière que les yeux ne peuvent concevoir et devant lesquelles ils reculent vaincus.
Les anges sont des êtres divers et de puissances inégales. Les uns, ailés, qui louent la Majesté du Seigneur, ne prétendent pas avoir créé quelque chose, ni avoir joué un r8le dans la création opérée uniquement par le Seigneur; « ce sont des adorateurs fervents, qui ne devancent pas les paroles du Seigneur et exécutent ses ordres ».
Allah en fit les confidents de sa Révélation, leur confia le soin de porter à ses messagers ses ordres et ses interdits. Il les mit à l’abri de tout soupçon. Aucun d’eux ne saurait s’écarter de son chemin.
Il les a dotés de tous moyens de secours, a baigné leur cœur de sa quiétude, leur a ouvert, larges, les portes pour sa louange, leur a octroyé des pensées lumineuses qui les guident vers la connaissance de son unicité.
Ces anges ne sont point accablés par les fardeaux des péchés, ne sont point soumis aux besoins qui dérivent de leur faction de nuit et de jour; leur foi n’à point été entamée par les affres du doute, ni leur conviction ébranlée par le scepticisme. Point d’étincelle d’inimitié qui les divise, de doute qui ôte la science imprimée dans leur conscience et trouble dans leur cœur leur respect pour la grandeur et la majesté divines; point de tentation qui voile d’impureté leurs pensées.
Certains ont une ressemblance avec les nuées, l’éminence des montagnes les plus élevées et la profondeur de la nuit la plus ténébreuse; d’autres, dont les pieds ont pénétré les profondeurs de la terre basse, sont semblables à des étendards blancs qui traversent les courants aériens sous lesquels circule un zéphyr qui les retient dans les limites déterminées.
Ils se sont adonnés à l’adoration du Seigneur: les vérités de la foi les ont ralliés dans la connaissance du Seigneur et ont renforcé leur amour de Allah; leur désir du Seigneur prévaut sur tout autre désir pour avoir goûté la douceur de Sa connaissance et bu à la coupe rafraîchissante de Sa miséricorde.
La peur du Seigneur a possédé leur cœur. Ils se sont inclinés par longue obéissance. Même leur désir fervent du Seigneur ne les dispense pas de solliciter Sa faveur; leur grande proximité de Allah ne les libère point de leur lien de subordination envers lui. Jamais leurs louanges et actions passées ne leur ont paru matière à vanité, ni leur obéissance une occasion de surestimer leurs mérites. Ces anges ne connaissent pas l’ennui malgré la longueur de leurs périodes d’adoration, ne sont nullement tentés de s’écarter de la voie du Seigneur, ne se lassent pas de le louer et de se prosterner devant Sa face, ne se laissent pas gagner par la paresse, la distraction ou les passions pour souhaiter un répit.
Ils ont pris le Seigneur comme un trésor pour les jours de misère et se sont tournés totalement vers lui pour l’adorer, lui obéir, espérer en lui et le craindre dans leurs cœurs. Ils ne regardent pas d’un œil de vanité leurs actes passés pour ne pas perdre l’espérance, et ne se sont pas écartés de leur Seigneur parce qu’ils ne sont pas sous la coupe du démon; ils ne connaissent point l’inimitié, ni l’envie, ni le doute, ni la bassesse. Ils sont habités d’une foi inébranlable que la déviation, la tiédeur et la paresse ne peuvent jamais entamer
Il n’y a point au ciel un endroit, si réduit soit-il, où l’on ne trouve un ange à genoux ou un messager diligent. Plus ils obéissent au Seigneur, plus ils le connaissent, et plus leurs cœurs se remplissent de Sa Grandeur.
Allah amoncela la terre sur des vagues en furie et des abîmes insondables.
Les crêtes des vagues houleuses s’entrechoquent, s’entremêlent et écument comme des étalons en rut.
La violence de l’eau en fureur se soumet sous le lourd fardeau de la terre. Sa rage s’apaise par son contact avec ses dunes.
L’eau s’humilia quand la terre appuya sur elle son échine; après le mugissement de ses vagues, l’eau se calma et reconnut sa défaite; elle fut traînée, prisonnière, dans les chaînes.
La terre s’installa dans les abîmes aquatiques, humilia l’orgueil et la morgue de l’eau, lui fit baisser la tête et renoncer à sa fierté.
Une fois l’agitation de l’eau sous la terre apaisée et les montagnes ayant émergé sur sa surface, Allah fit jaillir les sources des cavités de la terre, les répartit dans ses plaines et ses vallées.
Il ajusta l’équilibre dans ses mouvements par des monts solides, aux cimes et rocs inaltérables; alors la terre cessa de trembler sous la charge des montagnes ‘implantées dans sa surface et dans ses cavités.
Puis le Seigneur sépara la terre de l’atmosphère, institua 1′air pour permettre à ses habitants de respirer et la dota de toutes les ressources nécessaires pour la vie.
Il ne laissa pas sans eau les régions inaccessibles aux fleuves mais leur envoya des nuages pour vivifier leur aridité et faire pousser leur végétation.
Il réunit les nuages les plus divers, déchirés par l’éclair qu’il soumit sous le poids de la pluie laissant tomber l’eau drue et vivifiante.
Une fois la charge des nuages déversée, Allah fit jaillir du sol la végétation et l’herbe des montagnes arides pour le plaisir des yeux. Il orna la terre de fleurs et l’embellit de ses lumières.
Il en fit la nourriture des hommes et le pâturage des bestiaux.
Il créa des espaces et les dota de flambeaux pour les passants.
La terre, une fois aménagée, et ses ordres exécutés, Allah choisit Adam, sa créature d élections, sa première œuvre humaine, le logea dans son paradis, le traita avec générosité, lui signifia ses ordres, et le prévint du danger de la désobéissance pour son avenir.
Mais Adam contrevint aux ordres du Seigneur. Adam se repentit et Allah le fit descendre sur la terre pour la peupler de sa descendance et pour servir de témoin aux autres hommes.
Allah n’a pas abandonné les hommes à eux-mêmes après la mort de leur père Adam sans leur confirmer Sa divinité et leur permettre de le connaître.
Il leur parla par la bouche de ses prophètes élus et de ses messagers, siècle après siècle, pour aboutir au dernier Prophète Mohammad qui est le sceau des prophètes et messagers de Allah.
Il détermina les fortunes tantôt abondantes, tantôt modestes, les répartit entre les hommes mais fut toujours équitable pour éprouver la patience et la reconnaissance du pauvre et du riche.
Il mit côte à côte la misère et la richesse, la sécurité et l’insécurité, la joie et la peine, allongea les âges, en raccourcit d’autres et soumit les humains à la mort.
Allah connaît les secrets les plus intimes et les plus cachés, les intentions, les frémissements des paupières, le fond des cœurs et des abîmes et les paroles les plus courtes qui défient toute ouïe; il connaît les estivages des fourmis, les hivernages des insectes, les soupirs des cœurs passionnés, le frôlement des pas sur la terre, les zones de développement des fruits, les repères des fauves dans les montagnes et l’es vallées, la cachette du ver à la racine des arbres et sous leurs écorces, la place des feuilles sur les branches, les foyers d’éclosion des nuages, la chute des pluies. I1 cerne ce que les tempêtes traînent derrière elles, ce que les pluies torrentielles détruisent, les abris des reptiles dans les dunes et ceux des oiseaux dans les rochers, ainsi que leur chant dans les trous obscurs où ils se réfugient.
Il connaît le contenu des coquillages et les profondeurs des mers, ce qui se dérobe sous les voiles de la nuit et ce que le jour éclaire; il connaît la trace de chaque pas; le frisson de chaque geste, l’écho de chaque parole, le balbutiement de toute lèvre, l’asile de toute créature, le poids de chaque atome, les soucis de chaque âme inquiète; le fruit de chaque arbre, la chute de toute feuille, la position de chaque germe, la place de chaque goutte ou caillot de sang, l’origine de toute créature et famille. Cette connaissance s’est faite sans peine, sans effort, sans répit ni fatigue. I1 a pénétré de son savoir ses créatures, les a dénombrées, leur a rendu largement justice, les a couvertes de ses faveurs malgré leur incompétence à reconnaître ses mérites et ses bienfaits.
Allah! Tu es celui à qui conviennent les plus belles descriptions et énumérations, d’où émanent les dons innombrables; si on espère en Toi, Tu es le meilleur des sollicités. A celui qui met son espérance en Toi, Tu es le meilleur de qui on attend une grâce.
Allah! Tu m’as prodigué ce dont je ne louerai d’autre que Toi et ce dont je ne remercierai que Toi. Je ne mettrai pas mes espoirs dans les sources de déception et les lieux du doute. Tu as empêché ma langue de dévier vers la louange des humains, de glorifier les despotes qui ne sont que des créatures.
Allah! Toute personne s’attend à une gratification ou à une récompense de la part de celui dont elle fait l’éloge.
Et je l’attends humblement de Toi car tu disposes d’une immense miséricorde et de trésors de pardons.
O Seigneur! C’est là la position de celui qui T’a réservé l’unicité qui ne sied qu’à Toi, de celui qui ne voit aucun autre digne de ces remerciements et de ces louanges, si ce n’est Toi.
Mon désir en Toi ne peut être satisfait que par Ta grâce, et ma pauvreté ne peut devenir richesse que par ta générosité et Tes largesses. Offre-nous en cette occasion Ta satisfaction et dispense-nous de tendre la main à un autre que Toi, car « Tu as le pouvoir sur toutes choses ».
Toute chose s’humilie sans murmure devant Allah et toute chose subsiste par lui.
Il est la richesse du pauvre, la gloire de l’humble, la force du faible, le refuge du persécuté.
Lorsque vous parlez, il entend votre voix, lorsque vous gardez le silence, il connaît votre secret.
Celui qui vit lui doit ses biens, celui qui meurt s’en retourne vers lui.
Quel œil a pu te voir pour te décrire à nous? Bien plus Tu es, avant que tes créatures n’aient songé à te décrire.
Tu n’as pas créé tes créatures pour combler ta solitude, Tu ne les as pas utilisées pour en tirer avantage.
Nul ne saurait devancer ton appel, nul ne saurait échapper à ta prise. Celui qui te désobéit ne diminue en rien ta puissance; celui qui t’obéit n’augmente en rien ton pouvoir. Il ne saurait renverser ton ordre, celui qui repousse tes décrets, de même le rebelle ne pourrait se passer de Toi.
Tout secret est pour Toi évidence, tout mystère est pour Toi témoignage patent.
Tu es l’éternité, Tu transcendes le temps, Tu es la fin. Tu es le but et il n’y a de fuite devant Toi qu’envers Toi.
Tu tiens dans .tes mains les rênes de toute bête et la destinée de toute âme.
Gloire à Toi comme Tu es Sublime!
Gloire à Toi, comme ce que nous voyons dans ta création est sublime! Et comme toute grandeur est petite au regard de ta puissance!
Quelle magnificence nous voyons dans ton règne! Et combien elle est insignifiante devant ce qui nous échappe!
Quelles largesses dans tes bontés ici-bas et comme elles sont minces au regard de tes bontés dans l’au-delà!
Lorsque ce qui est écrit arrivera à son terme, lorsqu’il sera donné aux choses l’ultime mesure, lorsque la dernière créature rejoindra la première, lorsque les ordres de Allah, pour renouveler la création, seront donnés, alors le ciel sera bouleversé et disloqué. Allah fera secouer et trembler la terre; il fera arracher et disperser les montagnes; certaines s’effondreront par respect pour sa Majesté et par crainte de sa Puissance.
Il en fera sortir les habitants, les ressuscitera et les rassemblera après dispersion. Il les répartira en deux groupes pour les interroger sur leurs œuvres secrètes et leurs agissements cachés. Il accordera bonheur et abondance aux uns et châtiera les autres.
Aux gens de l’obéissance, il accordera son voisinage et l’éternité dans sa demeure où tout changement est inconnu et où règne la stabilité. Là ils ignoreront la peur, ne seront pas atteints par les maladies, n’affronteront pas les dangers et ne seront pas lassés par les déplacements.
Quant aux rebelles, il leur réservera les plus affreuses demeures. Il leur liera les mains derrière les nuques, il attachera les touffes de leurs cheveux à leurs pieds, les couvrira de goudron et de haillons enflammés.
Il les plongera dans les tourments les plus brûlants, il les enfermera hermétiquement dans des flammes furieuses et dévorantes, ardentes et terribles qui ne laissent nul repos à leurs habitants, ni possibilité de rachat à leurs prisonniers, ni aptitude pour en rompre les nœuds. C’est un séjour sans terme ni fin permettant à ses occupants d’en sortir.
Sentez- vous la présence de l’archange de la mort quand il entre dans un foyer? Le voyez- vous quand il prend l’âme d’une créature? Avez- vous vu le fœtus mourir dans les flancs de sa mère?
L’archange de la mort pénètre-t-il par les membres ou bien l’âme se rend-elle à son appel sur l’ordre de Allah?
L’archange de la mort loge-t-il avec le fœtus dans les flancs de la mère? Une créature saura-t-elle jamais décrire son Créateur alors qu’elle est incapable de décrire une autre créature de son espèce?
Un de ses amis lui ayant demandé: « Vous a-t-il été accordé de connaître l’avenir »? L’Imam sourit et lui répondit: « Ce n’est pas là une science de l’avenir; nous avons appris cela du Livre de Allah et de son Prophète ».
Connaître l’avenir, c’est connaître l’heure du Jugement dernier.
Allah dit à ce sujet: « Allah seul connaît l’heure Dernière, fait descendre la pluie et sait ce que contient le sein maternel. Nul homme ne sait ce qu’il acquerra demain; nul homme ne sait en quelle terre il trouvera la mort ».
Allah seul connaît ce que contient le sein maternel: enfant mâle ou femelle, laid ou beau, généreux ou avare, malheureux ou heureux. Allah connaît seul celui qui sera la proie de l’enfer ou l’hôte du paradis en compagnie des prophètes.
Telle est la science de l’avenir connue de Allah uniquement. Le reste est une science que Allah a communiquée à son Prophète, lequel me l’a enseignée, m’a invité à la retenir et à l’enfermer précieusement dans mon cœur ».
Gloire à Allah! I1 créa les êtres, nivela la terre, fit couler les eaux dans les vallons et fertiliser les plateaux. Son début n’a pas de commencement et son éternité est sans fin.
Il est le premier et le dernier. Il persiste sans terme.
Les fronts se courbent devant lui et les lèvres déclarent son unicité.
Il a assigné un terme aux êtres au moment de leur création pour s’en distinguer et ne pas leur ressembler.
L’imagination ne saurait l’appréhender par des bornes, des mouvements ou des membres et des instruments. On ne peut lui demander « Quand », ni lui fixer une durée par « Jusqu’à ». On ne peut dire de ses œuvres visibles: « D’où les avez- vous tirées? » Ni de celles cachées: « Où les avez- vous installées? » Il n’est point une ombre dont on suit les traces et n’est point non plus voilé pour être cerné. Il ne se rapproche point des choses jusqu’à s’y fondre, ni ne s’en éloigne jusqu’à la séparation.
Aucun clin d’œil de ses créatures ne lui échappe, toute parole, toute élévation qui semble proche, tout affaissement minime et invisible dans une nuit profonde ou dans des ténèbres calmes que la lune brillante dissipe, sont cernés par son omniscience. Il en est de même pour le soleil éclatant qui succède à la lune dans son coucher et son lever, pour la succession des temps et des siècles, pour la tombée d’une nuit qui s’amène ou le départ d’un jour qui s’achève.
Il est avant tout but et durée, il est recensement et dénombrement. Il transcende toutes les définitions de tous ceux qui lui attribuent les qualités des choses, les limites des régions, les origines des créatures, la solidité des places. En revanche, toute créature est assujettie à une destinée et toute destinée est imputable à une créature quelconque.
A Zaalab Al Yamâni qui lui demandait s’il avait vu Allah, l’Imam Ali1 répliqua: « Adorerai-je celui que je ne vois pas »? Alors l’autre de lui dire: « Comment le vois- tu? » Ali fit cette réponse:
« L’œil ne saurait atteindre Allah d’une manière concrète mais les cœurs le pressentent grâce aux vérités de la foi. Il est proche des choses sans y adhérer, éloigné d’elles sans s’en écarter totalement; il n’a pas besoin de réfléchir pour s’exprimer, sa volonté n’est régie par aucun besoin. Il crée sans organes; il est invisible sans être qualifié de clandestin, grand sans brutalité, clairvoyant sans le secours des sens, miséricorAllahx mais sans faiblesse; les faces se prosternent devant Sa Grandeur et Sa crainte ébranle les cœurs.
Allah ne créa pas les choses de souches éternelles, ni d’origines préexistantes.
Il dota ce qu’il créa de particularités spécifiques. Il le dessina sous une forme harmonieuse; nulle chose ne saurait se refuser à lui, de même que la soumission d’une chose ne saurait lui profiter.
Il connaît aussi bien les morts que les vivants, ce qu’il y a dans les cieux les plus élevés aussi bien que dans les terres les plus basses.
O créature formée et protégée dans les ténèbres de l’utérus et sous des couches de voiles, tu émanas du limon de la terre, tu fus installé dans un réceptacle sûr pour une durée déterminée et un terme immuable.
Fœtus, tu t’agitais dans les flancs de ta mère incapable de proférer une parole ou d’entendre un appel; puis tu fus tiré de ton réceptacle pour un lieu que tu ignorais et dont tu méconnaissais toute les voies bénéfiques. Or qui t’a guidé à rechercher la subsistance dans la mamelle de ta mère et qui t’a appris à exprimer au besoin tes demandes et désirs?
Hélas! Celui qui est incapable de décrire les êtres à figure et organes est encore plus impuissant à se figurer le Créateur et à le comprendre avec les moyens des créatures.
Allah ne fut pas enfanté pour partager sa gloire avec un autre, ni n’engendra un héritier pour lui succéder à sa mort.
Il a précédé le temps et transcendé la durée, il n’est sujet ni à une augmentation ni à une diminution.
Il s’est révélé à la raison par la perfection de ses œuvres et ses décrets inéluctables.
La création des cieux hermétiques qui sont sans colonnes, et qui sont maintenus sans supports, témoigne de sa puissance.
Ils s’empressent de répondre à ses appels et Lui obéissent dans ses ordres sans mot dire.
Si les cieux n’avaient pas reconnu sa divinité et ne s’étaient pas inclinés par soumission il n’en aurait pas fait le lieu de son Trône, ni la demeure de ses anges, ni l’échelle pour les bonnes paroles et les cœurs justes de ses créatures.
Il a fait des astres des cieux des guides aux êtres errants dans les différentes régions de la terre; les ténèbres profondes de la nuit ne sauraient voiler leur lumière, ni l’obscurité ténébreuse dérober l’éclat de la lune répandu dans les cieux.
Loué soit le Seigneur à qui ne saurait se cacher tout ce qui voile la nuit la plus profonde et la plus silencieuse dans les régions du globe les plus basses et les élévations voisines d’un noir rougeâtre, les grondements du tonnerre à l’horizon et la fugacité des éclairs; il connaît toute feuille arrachée de sa tige par les orages et les pluies, toute goutte qui tombe et le lieu de sa chute, la voie et la trace de l’insecte, l’existence du moucheron et ce que la femme porte dans ses flancs.
Gloire à Allah dont l’existence précéda tout: Trône, ciel, terre, démons et hommes; nulle imagination ne le conçoit, nulle intelligence ne le mesure, nulle demande ne le gêne, nul don ne diminue ses trésors. Il ne voit pas avec l’œil, ne s’enferme pas dans un lieu, et n’a point de semblable: il ne ressent aucun besoin; les gens ne sauraient l’atteindre; personne ne lui est comparable.
Il parla à Moïse, lui révéla ses prodiges éclatants sans le secours d’organes ou d’instruments, sans prononciation, ni luette.
O prétentieux qui crois décrire Allah, décris plutôt, tu es sincère, Gabriel, Michaël, les légions des anges privilégiés qui tremblent dans les appartements sacrés, l’esprit frappé de terreur devant le meilleur des créateurs. Tu ne sauras décrire que les êtres visibles, les organes et les mortels promis au néant.
Il n’y a de dieu que Lui. Il a éclairé de sa lumière toute obscurité. I1 assombrit de son obscurité toute lumière.
Quiconque le qualifie, renie son unicité. Quiconque le compare se trompe. Celui qui l’assimile ne le désigne point.
Celui qui le montre et l’imagine ne s’adresse pas à lui. Tout ce qui est déterminé a été créé. Toute chose qui dépend d’une autre n’est qu’effet.
Allah agit sans le secours d’un instrument, prévoit sans avoir besoin de réfléchir; il est riche sans chercher un profit, il n’est pas soumis au temps, et se passe d’organes; son existence, son essence, son éternité ont précédé toute durée, tout néant, tout début.
En dotant les sens de sensibilité il a été reconnu comme n’ayant point des sens; en accordant la contradiction aux choses, il a été reconnu comme n’ayant point de contradiction; en confrontant les choses, il a été reconnu comme n’ayant point de semblable.
Il opposa la lumière aux ténèbres, la clarté à l’obscurité, l’immobilité au mouvement, le chaud au froid, il concilia leurs contradictions, renoua leurs divergences et distingua leurs différences.
Nulle limite ne le borne, nul calcul ne le dénombre. Cependant les outils se limitent et les machines se comparent entre elles. « Depuis », « peut-être », « cependant » sont des termes inapplicables à son antériorité, à son éternité et à sa perfection.
Par ses attributs il s’est laissé pressentir par la raison et par eux il s’est refusé aux regards; il n’est soumis ni à l’immobilité, ni au mouvement. Comment serait-il donc soumis à son œuvre? S’il en était autrement, son essence serait multiple et son éternité aléatoire; il aurait eu un prédécesseur s’il avait un successeur, et il aurait cherché la perfection s’il avait une imperfection. Alors, il serait marqué du cachet du créé et serait devenu signe au lieu d’être source de référence. Il aurait perdu son pouvoir d’invulnérabilité et aurait été affecté par les choses comme chaque créature.
Il est immuable, éternel, ne connaît pas de fin. I1 n’engendra point pour qu’il soit engendré; il ne fut pas engendré pour connaître des limites.
Il est au-dessus de toute paternité et de toute souillure féminine; l’imagination ne l’atteint point pour pouvoir l’évaluer; les intelligences ne le conçoivent point pour pouvoir 1e décrire; les sens ne parviennent point à le saisir pour en avoir une sensation; les mains ne sauraient le toucher pour en prendre contact; il ne change point d’état, les circonstances n’influent point sur lui.
La succession des nuits et des jours ne l’use point; de même les ténèbres et la lumière ne le modifient point. Il ne peut être décrit comme étant un ensemble de parties, d’organes ou de membres ou un phénomène quelconque, on ne peut le connaître par le « qui » et le « comment »; on ne peut parler à son propos de limite ou de fin, de rupture et de but.
Les choses ne sauraient le contenir ni pour le rehausser ni pour le rabaisser; aucune chose ne peut l’incliner ni l’équilibrer. Il ne s’incarne ni ne se désincarne. I1 informe sans le secours d’une langue ni d’une gorge. Il entend sans oreille, ni organe. Il s’exprime sans parler, retient sans mémoire, il veut sans intention, aime et accorde ses faveurs sans pour autant faire preuve de faiblesse, il déteste et se fâche sans souffrir. Il dit à ce qu’il veut créer: « Sois » et il est, sans proférer ni lancer un appel retentissant. Cependant son Verbe est en lui-même un acte qu’il a créé et modulé de par sa grâce. Le Verbe n’existait pas avant qu’il ne l’eût créé car s’il pouvait exister, il y aurait eu alors un second Allah.
On ne peut dire de Lui: Il fut après n’avoir pas été, sinon il aurait été soumis aux lois de la création; et il n’y aurait point de différence entre la création et Lui, il n’aurait point de supériorité sur elle. Alors le créateur égalerait la créature, le maître d’œuvre, l’œuvre.
Allah conçut les créatures sans modèle préexistant et ne recourut à aucune de ses créatures pour l’aider. Il fit la terre et la soutint sans effort et l’installa sans le secours d’un support; il l’établit sans colonnes et la suspendit sans appui. Il l’immunisa contre toute déviation et inclinaison, il la protégea de la chute et de l’effritement; il ancra ses montagnes et les éleva; il en fit jaillir des sources, traça ses vallées; son œuvre ne connut point de faiblesse, ni d’ébranlement. Il la domine par sa puissance et sa gloire. Il en connaît les secrets grâce à sa science et à sa sagesse. Il est au-dessus de toute chose par sa majesté et sa puissance.
Rien ne peut s’opposer à ses désirs, ni s’opposer à lui ou le vaincre, ni être plus rapide que lui ou le dépasser. II n’a nul besoin d’un possédant pour s’enrichir. Les choses lui sont soumises et se courbent humblement devant sa grandeur; elles ne sauraient échapper à sa puissance pour un autre et se dérober ainsi à ses faveurs ou ses sanctions.
Il n’a point de semblable pour se comparer à lui ni d’adversaire pour se mesurer à lui. C’est lui qui anéantira la création et ce qui restera du monde sera comme ce qui en manquera.
L’anéantissement du monde après sa création, est-il donc plus étonnant que son modelage et sa création?
Si tous les animaux (votant et marchant) vivant dans des enclos quels que soient leurs genres, leurs races ou leurs espèces, leurs communautés intelligentes ou inintelligentes, si tous s’unissaient pour créer le plus petit des insectes, ils en seraient incapables et ne sauraient comment lui insuffler la vie leurs intelligences les plongeraient dans l’indécision et les égareraient; leurs forces seraient pour toujours impuissantes. Ils finiraient par être avilis, épuisés et reconnaîtraient leur défaite, leur incapacité de créer le plus petit insecte et admettraient humblement leur incapacité de pouvoir l’exterminer.
Allah (que son nom soit béni) redeviendra absolument seul après la disparition du monde; tel qu’il était avant la création du monde, il sera après la disparition de celui-ci. II n’y aura ni temps, ni espace, ni moment, ni durée. Les termes et les destinées disparaîtraient, alors les années et les heures subiraient le même sort. Rien d’autre que Allah, l’unique et le dominateur de qui dépendent toutes choses. Il a créé le monde sans qu’il ait besoin de son aide et l’anéantira sans le consulter. S’il pouvait se refuser à sa puissance, le monde demeurerait éternel. Nulle création ne lui a coûté un effort et n’a été pour lui une charge. Il n’a pas créé le monde pour renforcer une puissance, ni par peur de disparition ou d’affaiblissement, ou pour en recevoir un quelconque appui contre quiconque, ni pour se protéger contre un adversaire séditieux, ni pour étendre par lui son empire, ni pour se faire des associés dans son royaume, ni pour combler une solitude.
Puis, il anéantira le monde après sa création non par lassitude, née de son organisation et de sa direction, ni pour prendre repos ou pour se débarrasser d’une charge. Allah n’est point rebuté par une longue durée pour être porté à en hâter la fin.
Il a aménagé le monde par sa mansuétude, l’a maintenu par ses ordres, et l’a perfectionné par son vouloir. Il le reconstitue après sa disparition sans qu’il en ait besoin, sans se faire aider par qui que ce soit, ni pour se débarrasser de l’isolement en faveur d’une compagnie, ni pour se tirer d’une situation d’ignorance et d’aveuglement à un état de connaissance et de clairvoyance, ni pour se tirer d’un état de pauvreté et de besoin à un état de richesse et d’abondance, ni d’un avilissement et de bassesse à une situation de grandeur et de puissance.
Un signe de l’omnipotence de Allah et de la beauté merveilleuse de ses œuvres est d’avoir fait des eaux de la mer furieuses et mugissantes une terre ferme.
Il en créa des couches dont il détacha sept cieux séparés, consolidés par son ordre et soumis aux limites qui leur furent imposées. Puis il stabilisa une terre sur les flots profonds et tumultueux, lesquels s’inclinent devant ses décrets et sa Majesté s’immobilisent par crainte de sa Grandeur.
Il façonna ses rocs, ses plateaux et ses hautes montagnes qu’il immobilisa et fixa au sein de la terre alors que leurs cimes s’élèvent hautes dans les airs et que leurs bases s’enfoncent loin dans les eaux.
Il sépara les monts des plaines, amarra leurs bases dans les continents, en fit des points de repère; il en suréleva les sommets, en allongea les pentes, en fit des supports fixes pour la terre qui cessa alors de s’agiter et d’agiter ce qui vit sur elle, de plonger sous sa charge et de glisser de sa position.
Gloire à celui qui maîtrisa la terre après l’agitation des flots, la solidifia alors qu’elle était liquide. Pour ses créatures, il en fit un lieu de passage, l’aplanit pour leur servir d’habitat. Tout cela repose sur une mer profonde, ténébreuse, stable, qui ne déborde point, agitée qu’elle est par les vents et les tempêtes, secouée par les nuages de pluie. Il y a là un signe pour le cœur de celui qui craint Allah.
Si vous pouviez avoir une idée des merveilles du paradis, toutes les joies et tous les plaisirs de ce monde, tout l’éclat de ses merveilles vous paraîtraient puérils; vous seriez émerveillés par le bruissement des feuilles dont les arbres plongent leurs racines dans des dunes de musc, sur les rives des fleuves. Vous seriez charmés par l’abondance des fruits, tels des perles, en guirlande sur les rejets et les branches: ils éclatent dans leurs sépales, se diversifient et se cueillent sans effort. Ils se font au goût et s’adaptent au désir de celui qui les cueille.
Il sera servi aux habitants du paradis, dans les magnifiques salles de ses palais, un miel épuré et un vin clair.
Il s’agit des gens que la générosité de Allah a conduits en ce séjour heureux pour y demeurer éternellement et y vivre à l’abri de tout déplacement.
Vous, qui écoutez! Si vous pouviez laisser votre cœur se pénétrer du charme de cette vision, vous brûleriez du désir d’aller au paradis. Vous quitteriez notre réunion en souhaitant rejoindre vite ceux qui reposent en paix.
Que Allah fasse de vous et de nous les habitants du séjour des bienheureux.
Que dire de cet être que Allah créa dans les ténèbres de la matrice, enveloppé dans un placenta, goutte de sperme débordante, devenue grumeau de sang à la forme floue, puis aux contours affirmés, ensuite nourrisson, enfant, adulte.
Puis Allah lui fit don d’un cœur sensible, d’une langue expressive, d’une vue pénétrante pour, comprendre, prendre exemple, se maîtriser, réaliser son équilibre et achever sa formation.
O Adorateurs de Allah! Où sont ceux qui vécurent longtemps dans l’opulence, qui ont été instruits et qui ont compris, à qui il a été départi un temps dont ils n’ont profité que pour s’amuser, qui ont vécu en paix et ont tout oublié?
Ils ont bénéficié d’un temps long et ont été comblés de biens, avertis du châtiment et ont reçu des promesses grandioses! Gare aux péchés mortels et aux vices dégradants!
O vous qui voyez et entendez, qui jouissez de la santé et des biens de ce monde! Y a t-il abri ou refuge, recours ou protection, fuite de cet enfer ou retour sur terre? Est-ce possible ou non? « Où pourriez-vous vous échapper »? Où pourriez-vous vous diriger? De quoi vous enorgueillissez-vous? Votre lot sur cette terre, aussi bien en long qu’en large, sera à la mesure de votre corps et votre oreiller sera un peu de terre sur lequel votre joue reposera.
A présent, créatures de Allah, que la corde est lâche, que l’âme est libre et en pleine conscience que le corps est dispos, que les relations sont fréquentes, que vous disposez de votre temps et de votre volonté, profitez de ce répit pour vous repentir avant que ne surgissent les embarras et difficultés, la peur et l’anéantissement et avant que ne survienne l’absent attendu (la mort) et avant le retour au souverain Tout Puissant.
L’orgueil de l’homme le porte à la rébellion, à l’insouciance, se laissant entraîner par ses caprices peinant pour s’assurer les biens de ce monde et en faire des éléments de jouissance et de satisfaction de ses désirs. L’homme ne tint pas compte des malheurs qui pourraient lui survenir, ne s’humilia pas en crainte de Allah.
Il est mort dupé par tout ce qu’il avait accaparé et dont il a vécu prisonnier. Il ne recueillit point de récompense, n’accomplit aucune obligation; la mort cruelle l’a emporté soudain en plein entêtement et dans le cours de ses plaisirs.
Il passait ses jours perplexe et ses nuits sans sommeil, en proie à des angoisses, des douleurs et des maladies inattendues, entre un frère affectueux, un père tendre, une mère éplorée et se lamentant. Voilà notre homme à son dernier souffle, frappé par la catastrophe, gémissant douloureusement, haletant et l’âme en fuite.
Puis on le glissa dans son linceul, tout désespéré, on l’entraîna vers sa tombe incapable de résistance. Puis il fut mis sur la civière, sortant d’une étape épuisante pour entreprendre une autre; faible, il fut porté par les parents et les amis, pour une demeure où il serait un étranger solitaire, sans visiteurs.
Une fois les compagnons partis, les hommes éplorés rentrés dans leurs foyers, il se retrouva seul dans sa fosse face à lui-même, se posant des questions et échouant dans les épreuves. Le pire de tout cela est la chute de l’eau brûlante, le contact de la Géhenne, de ses feux bouillants, le crépitement de leur brasier. Point de pause reposante, pas de répit bienfaisant, ni force protectrice, ni disparition salvatrice, ni sommeil distrayant dans les étapes de la mort et la torture des moments.
1- « La conjecture de l’homme est le critère de son intelligence, et ses actes sont d’authentiques témoins de son tréfonds. »