Nombreux sont les hommes du Hezbollah qui
ont tracé de leur sang les chemins de la liberté. Trois d’entre eux, parmi les
fondateurs de la résistance islamique sont tombés en martyre au mois de Février.
Les débuts de la résistance, ont été profondément marqués par Cheikh Ragheb
Harb. Imam de son village natal Jibchit, il était surtout connu pour ses actions
caritatives, malgré son extrême pauvreté. C’est grâce à ses efforts qu’un
orphelinat et une école ont été construits, et qu’une banque pour les plus
pauvres a été édifiée dans les régions les plus démunies du Liban-sud
particulièrement ravagées par la guerre civile, les offensives militaires
israéliennes et surtout abandonné à son sort.
Fait marquant, avant même la victoire de la révolution islamique en Iran en
1979, il était un fervent partisan de l’Imam Rouhoullah Moussaoui Khomeiny . Ses
livres et ses discours étaient son principal inspiration. Dès lors, il était
classé parmi les islamistes révolutionnaires.
A partir de 1982, année de l’invasion israélienne du Liban, il est devenu le
précurseur de la résistance, celui qui a soufflé l’esprit de la confrontation
contre l’ennemi sioniste. Alors que tout le monde se préparait à ce que le Liban
entre dans « l’ère israélienne », après que les Israéliens en ont délogé la
résistance palestinienne.
Il se trouvait en Iran, lorsque les chars israéliens ont investi les villages du
sud en direction de la capitale. Il a alors écourté sa participation à une
conférence des imams de vendredi, pour rentrer au pays. A partir des mosquées,
celles de son village et de Bir el-Abed dans la banlieue-sud, il a appelé les
gens à boycotter l’occupation de façon catégorique : à refuser d’acheter les
produits israéliens, voire même d’adresser la parole aux militaires israéliens,
quelque soient les raisons : « Faites tout ce qui irrite l’Israélien, cette
terre nous appartient, et eux certainement finirons par partir » se
plaisait-il de dire aux fidèles.
Lui-même en a fait voir de toutes les couleurs aux soldats sionistes, refusant
de les accueillir chez lui. Quand bien même ils entraient chez lui par la force,
il ne se ménageait pas de les en expulser.
Il est surtout connu pour avoir refusé de leur tendre la main, les mettant hors
d’eux : « la poignée de main est signe de reconnaissance », ne se
lassait-il pas de scander. Ce qui devait devenir plus tard l’un des slogans de
la résistance islamique le plus retentissant.
Sa popularité était telle qu’en 1983, lorsqu’il a été arrêté par l’armée
d’occupation israélienne et enmené au camp d’Ansar (dans lequel était déportés
des milliers de Libanais et de Palestiniens), puis fut transporté au centre des
renseignements israéliens de Tyr,) ces geôliers israéliens durent le relâcher 17
jours plus tard. Ses partisans dans tous les villages sudistes s’étaient
rassemblés menaçant de se révolter s’il n’était pas libéré.
A partir de ce moment, la décision de l’assassiner semble avoir été prise. Il en
était parfaitement conscient, et ses proches aussi qui avaient peur pour lui, et
lui reprochaient sa témérité. « prends garde » l’avait prié un de ses partisans,
« tu ne t’appartiens pas seulement ; mais tu appartiens à tous les
révolutionnaires et tous les opprimés ».Ce qui lui fit couler quelques larmes.
Mais rien ne pouvait le dissuader de poursuivre sa lutte contre Israël, et d’en
appeler ses compatriotes à faire de même. C’était lui en personne qui
supervisait les opérations de résistance contre les positions israéliennes.
Le 16 février 1984, il fut tué d’une balle dans la tête tiré par des
collaborateurs d’Israël alors qu’il sortait d’une soirée chez des amis. Israël
pensait par là mettre fin à la résistance. Trop tard, la résistance contre
Israël avait été bel et bien lancée.
Ses proches racontent que quoiqu’il ait été sûr et certain de la libération du
sud du Liban, mais c’est surtout la Palestine qui lui tenait le plus à cœur : «
la libération du Sud est inéluctable, vous devez réfléchir comment libérer la
Palestine et Jérusalem des sionistes», insistait-il durant ses rencontres.
Les mots font guise de testament, pour ses adeptes, qui ne l’ont jamais connu,
mais s’inspirent toujours de sa fougue, pour poursuivre sa voie.
Huit années plus tard, au jour le jour, succomba un autre grand homme de la
résistance libanaise contre Israël, le secrétaire général du Hezbollah Sayed
Abbas al-Moussaoui.
*Auteur : Leila Mazboudi. *Source : Al-Manar